CABINET À DEUX CORPS D'ÉPOQUE LOUIS XIV, VERS 1680
Sold 39,000
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CABINET À DEUX CORPS D'ÉPOQUE LOUIS XIV, VERS 1680
En placage d'ébène, amarante, palissandre, marqueterie florale de bois fruitiers, incrustations d'étain, ornementation de bronze ciselé et doré, la façade à décor asymétrique d'oiseaux et rinceaux fleuris au naturel, ouvrant par une porte et onze tiroirs, le panneau central à motif de vase de fleurs sur un entablement supporté par un mascaron ailé dissimulant un intérieur en marqueterie géométrique muni de sept petits tiroirs, la ceinture ouvrant par deux tiroirs, deux vantaux en partie basse ornés d'une réserve octogonale en ressaut, les côtés à décor de vases fleuris et rinceaux feuillagés, reposant sur une plinthe à découpe ajourée ponctuée de rosaces en bronze doré
H. : 215 cm (84 1/2 in.)
l. : 136 cm (53 1/2 in.)
P. : 50 cm (19 1/2 in.)
A Louis XIV gilt-bronze, ebony, amaranth, rosewood, floral marquetry and pewter-inlaid cabinet
Exécuté dans les années 1680, ce cabinet à deux corps est remarquable par sa riche marqueterie de fleurs de rapport, de grande virtuosité et raffinement. Quelques-uns des motifs décorant ses panneaux rappellent des meubles réalisés par l'atelier d'André-Charles Boulle, notamment ceux à bouquets de fleurs jaillissant parmi des fleurons campaniformes à trois palmettes d'acanthe, posés sur des consoles formées par des bandes à l'italienne à enroulements de volutes, qu'on voit sur les panneaux des battants de la partie inférieure ou sur les côtés du meuble, aussi le soubassement du vase qui décore le vantail du caisson supérieur. Ces éléments ne sont pas sans rappeler le décor présent au dos d'un bureau brisé à caissons (fig. 1-2) ou sur le battant d'un cabinet (fig. 3-4), les deux attribués par Calin Demetrescu à André-Charles Boulle1. Par ailleurs, sur ce dernier, qui avait été présenté à Versailles lors de l'exposition 18e, aux sources du design2, est figuré un oiseau posé sur une volute très proche, lui-aussi, de celui disposé sur le vantail cintré de notre cabinet et les battants des deux pièces présentent à l'intérieur des motifs de filets et de rinceaux assez similaires (fig. 5-6).
On connaît deux autres meubles sur lesquels se retrouvent des motifs quasiment identiques aux nôtres. Le premier, un cabinet à deux corps présenté à la Biennale des Antiquaires de Paris en 19863, est aussi orné de fleurons formés par trois feuilles d'acanthe, disposés dans les panneaux et dans les écoinçons des battants de la partie inférieure, et d'un vase identique sur le vantail du caisson. Parmi les fleurs composant les bouquets sur ce cabinet, on distingue également des tulipes et un oiseau assez ressemblants à ceux représentés sur notre meuble (fig. 7).
Nous retrouvons ces mêmes motifs sur une seconde pièce, qui est un bureau à deux rangs de tiroirs latéraux et à caisson, passé en vente en 20154. Notons que sur ce dernier, le fleuron d'acanthe qui décore le caisson médian est posé sur une coquille identique à celles de notre cabinet (fig. 8).
Certainement notre cabinet et ces deux autres meubles furent réalisés par le même marqueteur ou, plus vraisemblablement, exécutés par le même atelier d'ébéniste. Malgré les similitudes avec les pièces d'André-Charles Boulle citées, il serait cependant difficile de lui attribuer avec certitude cet autre groupe de meubles auquel appartient notre cabinet. Cependant il aurait pu être exécuté par l'un des compagnons et des ébénistes que le maître avait employé au fil du temps pour les travaux de son atelier, tels Denis Desforges, Philippe Poitou, qui avait épousé en 1672 Constance Boulle, sa sœur5, et notamment son cousin germain, Pierre Boulle dit de Kercosve, déjà présent en 1677 au mariage d'André-Charles6 et qui lui réclamait 1 700 livres en 1710, par un placet adressé au duc d'Antin, où il représente qu'il travaille depuis 35 ans pour Charles Boulle son cousin ébéniste et marqueteur de Sa Majesté7.
1. C. Demetrescu, "Le détail de tout. L'ornement ou repères pour une méthode d'attribution du mobilier louis-quatorzien", Les Cahiers de l'Ornement, 2, Rome, De Luca Editori d'Arte, 2016, p.160-164 et fig. 7 et 9.
2. D. Alcouffe, (sous la dir.), "18e, aux sources du design, chefs-d'œuvre du mobilier de 1650 à 1790", cat. exp., château de Versailles 26 octobre 2014 au 22 février 2015, cat. 4, p. 68-71.
3. Localisation actuelle inconnue.
4. Vente, Paris, Me Tajan, 17 juin 2015, n°247.
5. Arch. nat., Min. cent., XLIII, 144, du 23 mai 1672, cité par J.-P. Samoyault, "André-Charles Boulle et sa famille. Nouvelles recherches. Nouveaux documents", Genèvre, Droz, 1979, p. 36.
6. Arch. nat., Min. cent., XLVI, 124, du 19 février 1677, cité par J.-P. Samoyault, ibid., p. 38.
7. Arch. nat., O1 1083, p. 58-59, du 17 février 1710, cité par J.-P. Samoyault, ibid., p. 93.
Commentaire : * Ce spécimen réalisé dans des parties et fragments de palissandre de Rio (Fabaceae Dalbergia nigra) est bien antiérieur au 1er juin 1947. Il est classé à l'Annexe I au titre de la Convention de Washington, à l'Annexe A du Règlement Communautaire Européen 338/97 du 09/12/1996, ainsi qu'au Code de l'environnement français.
* En revanche, pour une sortie de l'UE, un CITES de ré-export sera nécessaire, celui-ci étant à la charge du futur acquéreur.
Estimation 40 000 - 60 000 €
Sold 39,000 €
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