BUREAU MAZARIN D'ÉPOQUE LOUIS XIV Attribué à Nicolas Sageot (1666-1731)
Sold 117,000
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BUREAU MAZARIN D'ÉPOQUE LOUIS XIV Attribué à Nicolas Sageot (1666-1731)
En marqueterie de laiton, étain, écaille rouge, en première et contrepartie, incrustations de nacre, ornementation de bronze ciselé et doré, à décor dit à la Bérain, muni de deux caissons latéraux chacun ouvrant par trois tiroirs, un tiroir central à triglyphes au-dessus d'un caisson médian bordé de pans arrondis, les trois tabliers à lambrequins, les montants et huit pieds en consoles réunis par une entretoise sinueuse ; restaurations
H. : 81 cm (31 3/4 in.)
l. : 145 cm (57 in.)
P. : 74 cm (29 in.)
Provenance : Ancienne collection Gismondi, Biennale des Antiquaires de Paris en 1988.
A Louis XIV gilt-bronze mounted, tortoiseshell, brass, pewter and mother-of-pearl inlaid bureau mazarin; attributed to Nicolas Sageot (1666-1731)
Le plateau est décoré d'une ample composition médiane, disposée sous un portique dont le fronton cintré à triple évolution est supporté de chaque côté par groupes de deux termes soutenant des corbeilles de fleurs et de fruits, et renferme en son milieu un groupe de trois personnages debout, jouant d'un violon, d'une flûte et d'un pipeau, sous une guirlande formant chutes et montés, ainsi que les termes aux extrémités, sur des terrasses à lambrequin. Le fronton central est surmonté par un double motif dentelé renfermant des médaillons à fleurons d'acanthe, alors que sur les deux petits frontons latéraux sont posés des oiseaux à long cou. De part et d'autre du motif central, deux autres réserves rectangulaires à montants entrelacés et à frontons circulaires renferment chacune deux termes coiffés de corbeilles de fleurs et de fruits et soutenant au centre, une cassolette fumante sous laquelle est accrochée une médaille à profil d'empereur romain entouré de lauriers. Le reste du champ du plateau est orné de rinceaux, de fleurons, de masques et de personnages grotesques tels des putti, des oiseaux et des insectes en vol. Un motif similaire de personnage assis jouant d'un instrument à cordes, sous un portique cintré soutenu par deux termes et entouré de vases de fleurs et de rinceaux orne le caisson médian du bureau, alors que ses côtés sont décorés de réserves polylobées renfermant un ample fleuron à rosaces et fleurettes et prenant appui sur une tête de mascaron feuillagée, et entourée de guenons et d'oiseaux. Les tiroirs, les tabliers, ainsi que les montants, les pieds et les traverses sont recouverts de rinceaux et de fleurons.
Nous connaissons un autre bureau à caissons dont la forme et les décors sont identiques à ce bureau (1) (fig. 1-2), mais sa marqueterie est moins riche car réalisée seulement en laiton et en écaille sans les rehauts de nacre gravée présents sur notre pièce.
À l'instar de notre bureau et de celui vendu par la maison Koller, plusieurs autres présentent sur la façade du caisson médian le même motif composé d'un personnage jouant à un instrument de musique ressemblant à une viola da gamba. Deux de ceux-ci sont estampillés par Nicolas Sageot : l'un fait partie des collections royales de Suède (2) (fig. 3), l'autre, qui porte le fer de cet ébéniste apposé à cinq reprises, est conservé au musée du Petit Palais à Paris (3) (fig. 4). Le troisième est conservé en Angleterre, à Lanhydrock, dans le Cornwall (4) (fig. 5). Enfin, ce type de panneau ornant les devantures du caisson médian est présent sur trois autres bureaux (5) qui se trouvent dans le commerce de l'art, tous attribués à Nicolas Sageot. Ainsi, l'attribution de notre bureau à cet ébéniste se voit non seulement renforcée, mais s'avère, de ce fait, indiscutable.
Mise en évidence par l'article de M. Pierre Grand sur "Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque" (6) l'importante production de meubles de l'entreprise de Sageot, doit être associée au nom du marqueteur Toussaint Devoy (†1753), qui réalisait ses décors à partir des modèles inspirés par les gravures ou dessins de l'ornemaniste Jean Ier Berain. Un dessin exécuté d'après l'œuvre de ce dernier (7), figurant un terme anthropomorphe (fig. 6), qui n'est pas sans évoquer ceux de notre bureau est ainsi symptomatique pour ce phénomène. Vraisemblablement, Toussaint Devoy travaillait pour plusieurs ateliers d'ébénistes parisiens. Ainsi, on retrouve sur un plateau de commode (8) (fig. 7), d'un modèle commercialisé par le marchand ébéniste Noël Gérard, un motif central à portique soutenu par doubles termes et à fronton cintré à triple évolution très similaire à celui décorant notre bureau.
Par ailleurs, lors de la vente en 1720 du fonds de commerce de Nicolas Sageot au marchand joaillier Léonard Prieur (9), étaient décrits plusieurs bureaux dont un travaillé " aussy de marqueterie garny de bronze de cinq pieds [162,4 cm] de longueur", estimé 700 livres, "deux anciens bureaux de marqueterie un de trois pieds huit pouces [119,1 cm] et l'autre de quatre pieds [129,92 cm] de long pour le prix et somme de 500 lt", qui ne sont pas sans évoquer notre pièce, enfin "deux autres bureaux de quatre pieds [129,92 cm] aussi de marqueterie à pieds de biche garnis de bronze" valant 600 livres.
1. Vente, Koller, Zurich,
6 décembre 2007, n°1090.
2. Stockholm, Kungl. Husgeradskammaren, inv. H.G.K. 215.
3. Inv. ODUT 1500.
4. Inv. NT 882802.
5. Galeries Androt & Fils, Beaulieu-sur-Mer, Galerie Shapiro, Sydney, coll. privée.
6. L'Estampille-l'Objet d'Art, 266, février 1993, p.58, fig.48-70.
7. Waddesdon Manor, inv. WM 93/2 n°1121, voir Alistair Laing, Martin Meade, The James A. de Rothschild at Waddesdon Manor, the National Trust. Drawings for Architecture Design and Ornament, vol. I : French Drawings, Londres, The Alice Truste, 2006, cat. 21.
8. Partridge, Londres 1995, voir aussi vente, Paris, palais Galliera, 11 juin 1965, n°80, pl. VIII, puis vente, Paris, George V, Mes Ader Tajan, 15 décembre 1993, n°94.
9. Arc. nat., Min. cent., XIX, 636, 9. vente à Léonard Prieur du 26 juillet 1720.
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Estimation 100 000 - 150 000 €
Sold 117,000 €
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