Sale Old Master & XIXth  Century Art - 16 june 2020 /Lot 206 Bernardo STROZZI Gênes, 1581 - Venise, 1644 David tenant la tête de Goliath

  • Bernardo STROZZI Gênes, 1581 - Venise, 1644 David tenant la tête de Goliath Huile sur toile
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Bernardo STROZZI Gênes, 1581 - Venise, 1644
David tenant la tête de Goliath
Huile sur toile

David with the Head of Goliath, oil on canvas, by B. Strozzi
h: 166 w: 104,50 cm

Provenance : Collection John Richards, Sidney, en 1950 ;
Collection Beresford, en dépôt à l'Art Gallery of New South Wales, Sydney, avant 1974 ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 19 juillet 1974, n° 218 ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 27 juin 1975, n° 2 ;
Collection Jean Pastor, Monaco ;
Acquis auprès de ce dernier par Ermanno Zoffili ;
Collection Ermanno Zoffili, Paris ;
Acquis auprès de ce dernier par l'actuel propriétaire en 2011 ;
Collection particulière, Belgique


Bibliographie : Luisa Mortari, "Nuove aggiunte allo Strozzi", in 'Commentari', vol. XXVIII, 1-3, 1977, p. 109, fig. 5 et 6 (dimensions erronées)
Luisa Mortari, 'Bernardo Strozzi', Rome, 1995, p. 192, n° 497 (dimensions erronées)
Bernard Aikema, Ewoud Mijnlieff et Bert Treffers, 'Italian paintings from the Seventeenth and Eighteenth centuries in Dutch public collections', Florence, 1997, p. 151 et 152, mentionné dans la notice du n° 177
Camillo Manzitti, 'Bernardo Strozzi', Torino, 2013, p. 202, n° 287

Commentaire : L'excellence de la peinture baroque s'offre à nos yeux. La splendeur de ce David, son dynamisme et le rayonnement de la palette nous emportent, voilà un chef-d'œuvre de Bernardo Strozzi !
Peint peu après 1630, notre tableau coïncide avec l'arrivée du peintre génois dans la Sérénissime.
Si la position de notre David fut comparée à celle, antérieure d'environ 20 ans, donnée par Giovanni Lanfranco au sien (fig.1)1, nous pourrions tout autant retrouver l'élan, la vigueur du héros de notre toile dans le David de marbre du Bernin réalisé en 1623-1624 (fig. 2) 2 qu'aurait pu connaître Bernardo Strozzi.

C'est sans doute dans la personnalité même du jeune héros qu'est David qu'il faut trouver l'origine de cette posture. Par son acte intrépide et volontaire, il invite chaque chrétien à se dépasser pour combattre le mal : les Philistins avaient envahi Israël et, alors que les deux armées étaient face à face dans la vallée du Térébinthe, un soldat philistin, Goliath, géant de près de trois mètres lourdement armé, sorti des rangs pour provoquer un combat singulier dont le vainqueur ferait remporter la guerre à son peuple. Le roi israélien Saül et son armée furent " écrasés de terreur " et ne répondirent pas au défi lancé quotidiennement par Goliath. David, plus jeune fils de Jessé, servait Saül en jouant pour lui de la lyre et gardait les moutons de son père. Alors qu'il se rendait dans la vallée où campaient les deux armées, il entendit la provocation de Goliath et proposa de relever le défi. Saül chercha à l'en dissuader mais la confiance de David en Dieu ne le fit pas douter de la justesse de sa décision et de l'issue du combat. Armé de sa seule fronde et de cinq pierres réunies dans son sac de berger, le jeune David se présenta devant Goliath qui se moqua de lui. Alors que le géant s'avançait, David " prit une pierre dans son sac, la lança avec sa fronde et l'atteignit en plein front. La pierre s'y enfonça et l'homme s'écroula ". Il se servit ensuite de la propre épée du Philistin pour lui couper la tête et la rapporter à Jérusalem (1, Samuel, 17).

Son histoire illustre le courage et l'audace récompensés. C'est donc par l'action que fut recherchée et conçue la représentation du jeune guerrier. En cela Strozzi réussit brillamment son tableau en figurant son personnage dans une position d'un grand dynamisme parfaitement baroque. Le jeune homme est heureux, fier, il va de l'avant en trainant la tête du chef philistin Goliath et portant sur l'épaule son épée comme la démonstration de la tâche accomplie. Déjà les musiciens et les danseurs visibles en bas à gauche annoncent son triomphe. De sa jeunesse l'artiste n'a rien perdu de ses sentiments religieux. Neuf années moine au sein de l'ordre des Capucins, puis autorisé à quitter l'ordre pour devenir prêtre (ce qui lui valut son surnom de 'prete genovese') Strozzi est brillamment inspiré pour représenter le glorieux David.
La palette retenu par l'artiste désigne l'homme puissant, le futur chef, le deuxième roi d'Israël, le rouge symbolisant le pouvoir et l'or la gloire. Bernardo Strozzi, récemment arrivé à Venise à la fin de l'année 1630 quand il peint notre tableau, fut admiratif des compositions de Véronèse. Notre David en témoigne par la gaîté du ciel bleu en arrière-plan, l'harmonie joyeuse des couleurs franches, vibrantes et lumineuses. La palette de Véronèse est à la période vénitienne de l'artiste ce que la palette vandyckienne ou rubénienne est à sa période génoise. Adieu les bruns, les vert foncés, les blancs et les rouges profonds et place à la couleur, à la joie, à la lumière de la Sérénissime ; les nuages s'éloignent et laissent place au ciel azur et à l'or !

Une autre version de notre toile est conservée au musée Boymans-van Beuningen de Rotterdam (huile sur toile, 164 x 106 cm.). La similarité entre les dimensions et les compositions des deux tableaux a amené Bernard Aikema à se demander en 1997 si ces similitudes ne tendaient pas à démontrer que ces deux versions autographes ne dérivaient pas d'une version originale et antérieure perdue3. Il n'avait néanmoins pas pu examiner de visu le tableau que nous présentons aujourd'hui dont les divers repentirs visibles nous convainquent que notre toile est la première version peinte par Bernardo Strozzi. Si nous ne savons malheureusement pas dans quelle grande collection ni pour quel riche commanditaire notre toile fut réalisée, la gravure exécutée au XVIIIe siècle par Pietro Monaco (fig.3), reprenant le même cadrage très resserré témoigne de son importance et de sa postérité.


1. Florence, Fondazione Longhi, huile sur toile, datée vers 1616-1617 par Erich Schleier, cat. exp. Florence, 1983, p. 76-77
2. Rome, villa Borghèse, marbre blanc
3. Bernard Aikema, Ewoud Mijnlieff et Bert Treffers,' Italian paintings from the seventeenth and eighteenth centuries in Dutch public collections', Florence, 1997, p. 152.

Estimation 400 000 - 600 000 €

Sold 505,000 €
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Lot 206

Bernardo STROZZI Gênes, 1581 - Venise, 1644
David tenant la tête de Goliath

Sold 505,000 € [$]

Bernardo STROZZI Gênes, 1581 - Venise, 1644
David tenant la tête de Goliath
Huile sur toile

David with the Head of Goliath, oil on canvas, by B. Strozzi
h: 166 w: 104,50 cm

Provenance : Collection John Richards, Sidney, en 1950 ;
Collection Beresford, en dépôt à l'Art Gallery of New South Wales, Sydney, avant 1974 ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 19 juillet 1974, n° 218 ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 27 juin 1975, n° 2 ;
Collection Jean Pastor, Monaco ;
Acquis auprès de ce dernier par Ermanno Zoffili ;
Collection Ermanno Zoffili, Paris ;
Acquis auprès de ce dernier par l'actuel propriétaire en 2011 ;
Collection particulière, Belgique


Bibliographie : Luisa Mortari, "Nuove aggiunte allo Strozzi", in 'Commentari', vol. XXVIII, 1-3, 1977, p. 109, fig. 5 et 6 (dimensions erronées)
Luisa Mortari, 'Bernardo Strozzi', Rome, 1995, p. 192, n° 497 (dimensions erronées)
Bernard Aikema, Ewoud Mijnlieff et Bert Treffers, 'Italian paintings from the Seventeenth and Eighteenth centuries in Dutch public collections', Florence, 1997, p. 151 et 152, mentionné dans la notice du n° 177
Camillo Manzitti, 'Bernardo Strozzi', Torino, 2013, p. 202, n° 287

Commentaire : L'excellence de la peinture baroque s'offre à nos yeux. La splendeur de ce David, son dynamisme et le rayonnement de la palette nous emportent, voilà un chef-d'œuvre de Bernardo Strozzi !
Peint peu après 1630, notre tableau coïncide avec l'arrivée du peintre génois dans la Sérénissime.
Si la position de notre David fut comparée à celle, antérieure d'environ 20 ans, donnée par Giovanni Lanfranco au sien (fig.1)1, nous pourrions tout autant retrouver l'élan, la vigueur du héros de notre toile dans le David de marbre du Bernin réalisé en 1623-1624 (fig. 2) 2 qu'aurait pu connaître Bernardo Strozzi.

C'est sans doute dans la personnalité même du jeune héros qu'est David qu'il faut trouver l'origine de cette posture. Par son acte intrépide et volontaire, il invite chaque chrétien à se dépasser pour combattre le mal : les Philistins avaient envahi Israël et, alors que les deux armées étaient face à face dans la vallée du Térébinthe, un soldat philistin, Goliath, géant de près de trois mètres lourdement armé, sorti des rangs pour provoquer un combat singulier dont le vainqueur ferait remporter la guerre à son peuple. Le roi israélien Saül et son armée furent " écrasés de terreur " et ne répondirent pas au défi lancé quotidiennement par Goliath. David, plus jeune fils de Jessé, servait Saül en jouant pour lui de la lyre et gardait les moutons de son père. Alors qu'il se rendait dans la vallée où campaient les deux armées, il entendit la provocation de Goliath et proposa de relever le défi. Saül chercha à l'en dissuader mais la confiance de David en Dieu ne le fit pas douter de la justesse de sa décision et de l'issue du combat. Armé de sa seule fronde et de cinq pierres réunies dans son sac de berger, le jeune David se présenta devant Goliath qui se moqua de lui. Alors que le géant s'avançait, David " prit une pierre dans son sac, la lança avec sa fronde et l'atteignit en plein front. La pierre s'y enfonça et l'homme s'écroula ". Il se servit ensuite de la propre épée du Philistin pour lui couper la tête et la rapporter à Jérusalem (1, Samuel, 17).

Son histoire illustre le courage et l'audace récompensés. C'est donc par l'action que fut recherchée et conçue la représentation du jeune guerrier. En cela Strozzi réussit brillamment son tableau en figurant son personnage dans une position d'un grand dynamisme parfaitement baroque. Le jeune homme est heureux, fier, il va de l'avant en trainant la tête du chef philistin Goliath et portant sur l'épaule son épée comme la démonstration de la tâche accomplie. Déjà les musiciens et les danseurs visibles en bas à gauche annoncent son triomphe. De sa jeunesse l'artiste n'a rien perdu de ses sentiments religieux. Neuf années moine au sein de l'ordre des Capucins, puis autorisé à quitter l'ordre pour devenir prêtre (ce qui lui valut son surnom de 'prete genovese') Strozzi est brillamment inspiré pour représenter le glorieux David.
La palette retenu par l'artiste désigne l'homme puissant, le futur chef, le deuxième roi d'Israël, le rouge symbolisant le pouvoir et l'or la gloire. Bernardo Strozzi, récemment arrivé à Venise à la fin de l'année 1630 quand il peint notre tableau, fut admiratif des compositions de Véronèse. Notre David en témoigne par la gaîté du ciel bleu en arrière-plan, l'harmonie joyeuse des couleurs franches, vibrantes et lumineuses. La palette de Véronèse est à la période vénitienne de l'artiste ce que la palette vandyckienne ou rubénienne est à sa période génoise. Adieu les bruns, les vert foncés, les blancs et les rouges profonds et place à la couleur, à la joie, à la lumière de la Sérénissime ; les nuages s'éloignent et laissent place au ciel azur et à l'or !

Une autre version de notre toile est conservée au musée Boymans-van Beuningen de Rotterdam (huile sur toile, 164 x 106 cm.). La similarité entre les dimensions et les compositions des deux tableaux a amené Bernard Aikema à se demander en 1997 si ces similitudes ne tendaient pas à démontrer que ces deux versions autographes ne dérivaient pas d'une version originale et antérieure perdue3. Il n'avait néanmoins pas pu examiner de visu le tableau que nous présentons aujourd'hui dont les divers repentirs visibles nous convainquent que notre toile est la première version peinte par Bernardo Strozzi. Si nous ne savons malheureusement pas dans quelle grande collection ni pour quel riche commanditaire notre toile fut réalisée, la gravure exécutée au XVIIIe siècle par Pietro Monaco (fig.3), reprenant le même cadrage très resserré témoigne de son importance et de sa postérité.


1. Florence, Fondazione Longhi, huile sur toile, datée vers 1616-1617 par Erich Schleier, cat. exp. Florence, 1983, p. 76-77
2. Rome, villa Borghèse, marbre blanc
3. Bernard Aikema, Ewoud Mijnlieff et Bert Treffers,' Italian paintings from the seventeenth and eighteenth centuries in Dutch public collections', Florence, 1997, p. 152.

Estimation 400 000 - 600 000 €

Sold 505,000 €
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Sale’s details

Sale: 3979
Date: 16 june 2020 18:00
Auctioneer: Matthieu Fournier

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Matthieu Fournier
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Old Master & XIXth Century Art