Sale Furniture & Works of Art - 13-14 December 2023 - 18:00 & 14:00 /Lot 57 Commode d’époque Louis XVI Estampille de Jean-Henri Riesener et d’Adam Weisweiler
COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XVI LIVRÉE POUR LE CONTRÔLEUR GÉNÉRAL JEAN-FRANCOIS JOLY DE FLEURY DE LAVALETTE (1718-1802) À VERSAILLES Estampille de Jean-Henri Riesener et de Adam Weisweiler
En acajou et placage d'acajou moucheté, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre blanc veiné, la façade à ressaut central ouvrant par cinq tiroirs sur trois rangs, les pieds fuselés et cannelés, estampillée A. WEISWEILER sur le montant avant droit et J.H.RIESENER sur le montant avant droit et arrière gauche ; marques : n° 3178 au dos, n° 3178 au revers du plateau de marbre
H. : 88 cm (35 in.)
l. : 114 cm (44 3/4 in.)
P. : 56 cm (22 in.)
Jean-Henri Riesener, reçu maître en 1767
Adam Weisweiler, reçu maître en 1778
Provenance :
Livrée le 1er août 1782 au contrôleur général (ministre des Finances) Jean-François Joly de Fleury de Lavalette dans son appartement à Versailles ;
Transférée en 1788 dans l'appartement du Secrétaire d'Etat à la Maison du Roi, marquis Laurent de Villedeuil, aile des Ministres Sud du Château de Versailles ;
En place dans l'appartement du ministre jusqu'à 1790 ;
Probablement acquise au cours des ventes révolutionnaires par Joseph de Berluc-Perrusis (1727-1800), ancien conseiller du Roi, maire de Forcalquier ;
Puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel, collection privée, Sud de la France.
A Louis XVI git-bronze mounted and mahogany commode, delivered on August 1st 1782 for the Controleur General at Versailles, stamped by Jean-Henri Riesener and Adam Weisweiler
Le 1er août 1782, le Journal du Garde-Meuble de la Couronne notait sous le numéro "3178", la livraison par "le S. Riesener pour servir à M. le contrôleur général à Versailles" d'une "commode de bois d'acajou moucheté à dessus de marbre blanc veiné et cinq tiroirs fermants à clef ornée de consoles, chapiteaux, entrées de serrures, anneaux, rosettes, moulures et sabots de bronze ciselé d'or moulu, longue de 3 pieds 1/2." (1).
Notre commode était donc destinée à l'usage du ministre des Finances, Jean-François Joly de Fleury de Lavalette (1718-1802), dont les bureaux et l'appartement de fonction se situaient dans l'hôtel du Grand Contrôle à Versailles, rue de la Surintendance, actuel 12 rue de l'Indépendance Américaine.
Nommé contrôleur des Finances le 21 mai 1781 par Louis XVI, en remplacement de Jacques Necker, Joly de Fleury resta peu de temps en poste puisqu'il fut remplacé dès le 29 mars 1783 par Henri Lefèvre d'Ormesson lequel devait à son tour être démis de ses fonctions seulement six mois plus tard au profit de Charles-Alexandre de Calonne.
La commode resta au Grand Contrôle jusqu'à l'été 1788, période à laquelle le Garde-Meuble la transféra dans l'appartement du nouveau Secrétaire d'État à la Maison du Roi, le marquis Laurent de Villedeuil (1742-1828), situé dans la partie ouest de l'aile des Ministres Sud du château de Versailles (2). En 1788, l'inventaire général du château de Versailles précise que la commode composait l'ameublement de la chambre à coucher des enfants du marquis située au rez-de-chaussée, sur la cour d'Honneur : "une commode en bois d'acajou de 3 pieds 1/2 de large à deux grands et trois petits tiroirs, ornée d'une baguette, chutes, sabots, rosaces et anneaux ciselés de cuivre doré et à dessus de marbre blanc (retirée du Grand Contrôle) [sic]" (3). L'inventaire du château de Versailles de 1790 révèle enfin que la commode était toujours conservée dans la chambre à coucher de l'aile des Ministres Sud, où elle fut d'ailleurs estimée 240 livres, à la différence de bon nombre de meubles de l'appartement qui furent envoyés à la hâte à Paris à la suite du départ précipité de la famille royale et de la Cour pour la capitale le 6 octobre 1789 (4).
Après l'inventaire de 1790, nous perdons malheureusement la trace de la commode. Nous supposons qu'elle fut mise à l'encan lors des ventes révolutionnaires du mobilier du château en 1793 et 1794. À l'une de ces ventes, elle fut probablement acquise par Joseph de Berluc-Perrusis (1727-1800), ancien Conseiller du Roi, maire de Forcalquier, entre les mains des descendants duquel elle resta jusqu'à nos jours.
Outre le prestige de sa provenance, notre pièce à la fois estampillée Riesener et Weisweiler, se distingue par une structure à section tripartite avec un léger ressaut en façade le tout plaqué d'une veine d'acajou de la meilleure qualité et un sobre décor de bronze doré.
La présence de l'estampille de Riesener associée à celle d'Adam Weisweiler semble indiquer qu'avant sa livraison à l'hôtel du Grand Contrôle, il apporta des modifications au meuble fabriqué par Weisweiler pour son compte. Depuis 1774, Riesener était devenu l'ébéniste ordinaire du Garde-Meuble de la Couronne en remplacement de Gilles Joubert (1689-1775). Dès lors, les commandes furent si importantes qu'il fut dans l'obligation de sous-traiter. L'un de ses sous-traitant privilégié était précisément Adam Weisweiler, comme lui, d'origine allemande.
Notre commode appartient à un corpus restreint ; parmi les rares exemplaires comparables conservés dans des collections muséales ou apparus sur le marché ces derniers années, nous pouvons rappeler :
-L'exemplaire également estampillé Riesener et Weisweiler, de la collection Nelly Debray, au musée Carnavalet (MB 296) (fig. 1) (5).
-La commode estampillée Weisweiler livrée en 1784 par Riesener pour le cabinet du comte de Provence au château de Fontainebleau (ancienne collection Castellane, puis Thyssen-Bornemizsa jusqu'à vente Christie's Londres, le 5 juillet 2018, lot. 114, fig. 2).
- La pièce estampillée par Riesener et vendue chez Sotheby's Paris, le 28 novembre 2017, lot 58 (fig. 3).
- L'exemplaire estampillé Riesener et Richter vendu chez Artcurial Paris, le 14 décembre 2011, lot 37 (fig. 4).
(1) Arch. nat., O1 3320, Journal du Garde-Meuble, année 1782, f° 122.
(2) William R. Newton, L'espace du roi, Paris, Fayard, 2000, p. 452. Ancien contrôleur général des Finances de mai à août 1787, Laurent de Villedeuil fut nommé Secrétaire d'État de la Maison du Roi par Louis XVI le 28 juillet 1788. À cette occasion, il fut installé dans un vaste appartement situé dans la partie ouest de l'aile des Ministres Sud, au rez-de-cour et premier étage, là où jadis était logé le duc de Choiseul.
(3) Arch. nat., O1 3464, "Inventaire général des meubles du château et dehors de Versailles", 1788, tome Second, f° 1022.
(4) Arch. nat., O1 3467, "Estimation de meubles du château et dehors de Versailles", 1790, tome III, f° 143, " Pour les enfants, chambre à coucher, […] 3178 - Une commode de bois d'acajou à dessus de marbre blanc … 240 livres". Voir aussi Arch. nat., O1 3462, "Inventaire général des meubles du château et dehors de Versailles", 2e volume [1789], dans lequel une mention de 1789 dans la marge précise que la commode est "restée en place".
(5) Une seconde commode de ce modèle, estampillée Riesener/Weisweiler est conservée au musée Carnavalet. Appartenant à l'ancienne collection Henriette Bouvier, elle présente toutefois un décor de bronze doré plus abondant (inv. MB 462).
* Information aux acheteurs :
Pour une sortie de l'UE, un CITES de ré-export peut être nécessaire, celui-ci étant à la charge du futur acquéreur.
* Information to buyers :
For an exit from the EU, a CITES re-export certificate will be necessary, at the buyer's expense.
Estimation 60 000 - 80 000 €
Lot 57
Louis XVI period Chest of Drawers
Stamp of Jean-Henri Riesener and Adam Weisweiler
Sold 144,320 € [$]
COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XVI LIVRÉE POUR LE CONTRÔLEUR GÉNÉRAL JEAN-FRANCOIS JOLY DE FLEURY DE LAVALETTE (1718-1802) À VERSAILLES Estampille de Jean-Henri Riesener et de Adam Weisweiler
En acajou et placage d'acajou moucheté, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre blanc veiné, la façade à ressaut central ouvrant par cinq tiroirs sur trois rangs, les pieds fuselés et cannelés, estampillée A. WEISWEILER sur le montant avant droit et J.H.RIESENER sur le montant avant droit et arrière gauche ; marques : n° 3178 au dos, n° 3178 au revers du plateau de marbre
H. : 88 cm (35 in.)
l. : 114 cm (44 3/4 in.)
P. : 56 cm (22 in.)
Jean-Henri Riesener, reçu maître en 1767
Adam Weisweiler, reçu maître en 1778
Provenance :
Livrée le 1er août 1782 au contrôleur général (ministre des Finances) Jean-François Joly de Fleury de Lavalette dans son appartement à Versailles ;
Transférée en 1788 dans l'appartement du Secrétaire d'Etat à la Maison du Roi, marquis Laurent de Villedeuil, aile des Ministres Sud du Château de Versailles ;
En place dans l'appartement du ministre jusqu'à 1790 ;
Probablement acquise au cours des ventes révolutionnaires par Joseph de Berluc-Perrusis (1727-1800), ancien conseiller du Roi, maire de Forcalquier ;
Puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel, collection privée, Sud de la France.
A Louis XVI git-bronze mounted and mahogany commode, delivered on August 1st 1782 for the Controleur General at Versailles, stamped by Jean-Henri Riesener and Adam Weisweiler
Le 1er août 1782, le Journal du Garde-Meuble de la Couronne notait sous le numéro "3178", la livraison par "le S. Riesener pour servir à M. le contrôleur général à Versailles" d'une "commode de bois d'acajou moucheté à dessus de marbre blanc veiné et cinq tiroirs fermants à clef ornée de consoles, chapiteaux, entrées de serrures, anneaux, rosettes, moulures et sabots de bronze ciselé d'or moulu, longue de 3 pieds 1/2." (1).
Notre commode était donc destinée à l'usage du ministre des Finances, Jean-François Joly de Fleury de Lavalette (1718-1802), dont les bureaux et l'appartement de fonction se situaient dans l'hôtel du Grand Contrôle à Versailles, rue de la Surintendance, actuel 12 rue de l'Indépendance Américaine.
Nommé contrôleur des Finances le 21 mai 1781 par Louis XVI, en remplacement de Jacques Necker, Joly de Fleury resta peu de temps en poste puisqu'il fut remplacé dès le 29 mars 1783 par Henri Lefèvre d'Ormesson lequel devait à son tour être démis de ses fonctions seulement six mois plus tard au profit de Charles-Alexandre de Calonne.
La commode resta au Grand Contrôle jusqu'à l'été 1788, période à laquelle le Garde-Meuble la transféra dans l'appartement du nouveau Secrétaire d'État à la Maison du Roi, le marquis Laurent de Villedeuil (1742-1828), situé dans la partie ouest de l'aile des Ministres Sud du château de Versailles (2). En 1788, l'inventaire général du château de Versailles précise que la commode composait l'ameublement de la chambre à coucher des enfants du marquis située au rez-de-chaussée, sur la cour d'Honneur : "une commode en bois d'acajou de 3 pieds 1/2 de large à deux grands et trois petits tiroirs, ornée d'une baguette, chutes, sabots, rosaces et anneaux ciselés de cuivre doré et à dessus de marbre blanc (retirée du Grand Contrôle) [sic]" (3). L'inventaire du château de Versailles de 1790 révèle enfin que la commode était toujours conservée dans la chambre à coucher de l'aile des Ministres Sud, où elle fut d'ailleurs estimée 240 livres, à la différence de bon nombre de meubles de l'appartement qui furent envoyés à la hâte à Paris à la suite du départ précipité de la famille royale et de la Cour pour la capitale le 6 octobre 1789 (4).
Après l'inventaire de 1790, nous perdons malheureusement la trace de la commode. Nous supposons qu'elle fut mise à l'encan lors des ventes révolutionnaires du mobilier du château en 1793 et 1794. À l'une de ces ventes, elle fut probablement acquise par Joseph de Berluc-Perrusis (1727-1800), ancien Conseiller du Roi, maire de Forcalquier, entre les mains des descendants duquel elle resta jusqu'à nos jours.
Outre le prestige de sa provenance, notre pièce à la fois estampillée Riesener et Weisweiler, se distingue par une structure à section tripartite avec un léger ressaut en façade le tout plaqué d'une veine d'acajou de la meilleure qualité et un sobre décor de bronze doré.
La présence de l'estampille de Riesener associée à celle d'Adam Weisweiler semble indiquer qu'avant sa livraison à l'hôtel du Grand Contrôle, il apporta des modifications au meuble fabriqué par Weisweiler pour son compte. Depuis 1774, Riesener était devenu l'ébéniste ordinaire du Garde-Meuble de la Couronne en remplacement de Gilles Joubert (1689-1775). Dès lors, les commandes furent si importantes qu'il fut dans l'obligation de sous-traiter. L'un de ses sous-traitant privilégié était précisément Adam Weisweiler, comme lui, d'origine allemande.
Notre commode appartient à un corpus restreint ; parmi les rares exemplaires comparables conservés dans des collections muséales ou apparus sur le marché ces derniers années, nous pouvons rappeler :
-L'exemplaire également estampillé Riesener et Weisweiler, de la collection Nelly Debray, au musée Carnavalet (MB 296) (fig. 1) (5).
-La commode estampillée Weisweiler livrée en 1784 par Riesener pour le cabinet du comte de Provence au château de Fontainebleau (ancienne collection Castellane, puis Thyssen-Bornemizsa jusqu'à vente Christie's Londres, le 5 juillet 2018, lot. 114, fig. 2).
- La pièce estampillée par Riesener et vendue chez Sotheby's Paris, le 28 novembre 2017, lot 58 (fig. 3).
- L'exemplaire estampillé Riesener et Richter vendu chez Artcurial Paris, le 14 décembre 2011, lot 37 (fig. 4).
(1) Arch. nat., O1 3320, Journal du Garde-Meuble, année 1782, f° 122.
(2) William R. Newton, L'espace du roi, Paris, Fayard, 2000, p. 452. Ancien contrôleur général des Finances de mai à août 1787, Laurent de Villedeuil fut nommé Secrétaire d'État de la Maison du Roi par Louis XVI le 28 juillet 1788. À cette occasion, il fut installé dans un vaste appartement situé dans la partie ouest de l'aile des Ministres Sud, au rez-de-cour et premier étage, là où jadis était logé le duc de Choiseul.
(3) Arch. nat., O1 3464, "Inventaire général des meubles du château et dehors de Versailles", 1788, tome Second, f° 1022.
(4) Arch. nat., O1 3467, "Estimation de meubles du château et dehors de Versailles", 1790, tome III, f° 143, " Pour les enfants, chambre à coucher, […] 3178 - Une commode de bois d'acajou à dessus de marbre blanc … 240 livres". Voir aussi Arch. nat., O1 3462, "Inventaire général des meubles du château et dehors de Versailles", 2e volume [1789], dans lequel une mention de 1789 dans la marge précise que la commode est "restée en place".
(5) Une seconde commode de ce modèle, estampillée Riesener/Weisweiler est conservée au musée Carnavalet. Appartenant à l'ancienne collection Henriette Bouvier, elle présente toutefois un décor de bronze doré plus abondant (inv. MB 462).
* Information aux acheteurs :
Pour une sortie de l'UE, un CITES de ré-export peut être nécessaire, celui-ci étant à la charge du futur acquéreur.
* Information to buyers :
For an exit from the EU, a CITES re-export certificate will be necessary, at the buyer's expense.
Estimation 60 000 - 80 000 €
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