Eugène DELACROIX Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863
Feuille d'études, d'après la série des Caprices de Goya
Estimation 10,000 - 15,000 € [$]
Eugène DELACROIX Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863
Feuille d'études, d'après la série des Caprices de Goya
Crayon noir, plume et encre brune
Study paper after The Caprices of Goya, black pencil, pen and brown ink, by E. Delacroix
h: 17 w: 21,50 cm
Provenance : Collection Paul-Arthur Chéramy, selon une indication au verso ;
Collection Jean Masson, selon une indication au verso ;
Collection Georges Aubry, selon une indication au verso ;
Collection Claude Aubry, selon une étiquette au verso ;
Galerie Normand, Paris ;
Acquis auprès de cette dernière en 2011 par l'actuel propriétaire ;
Collection particulière, New York
Expositions : Peut-être 'Delacroix : ses maîtres, ses amis, ses élèves', Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, 17 mai-30 septembre 1963, p. 38, n° 84
Commentaire : Publiée en Espagne en 1799, la série gravée des Caprices de Goya connut un rapide succès auprès des artistes français. Les premières séries furent introduites en France dès le début du XIXe siècle. Dominique Vivant Denon en possédait ainsi un exemplaire qui fut acquis par la Bibliothèque nationale après sa mort en 1827. Mais le premier à détenir la série fut peut-être Ferdinand Guillemardet, qui, ambassadeur en Espagne en 1798, avait fait réaliser son portrait par Goya. Il rapporta la suite gravée lors de son retour en France en 1800. C'est sans doute chez Ferdinand Guillemardet que Delacroix, qui alors très jeune artiste et proche de ses deux fils Félix et Louis, découvrit les Caprices qu'il se mit à copier vers 1817-18191. Sa fascination pour le peintre espagnol le poussa à constituer sa propre collection comme l'indiquent les treize estampes et six planches de Goya qui se trouvent listées dans l'inventaire de ses biens dressé à la mort de l'artiste en 1864.
L'ensemble de feuilles que nous présentons propose une libre variation à partir de figures empruntées à différentes planches de la série de Goya. Delacroix n'a pas vingt ans et sa carrière n'a pas encore commencé quand il étudie ici, humblement, d'après le grand maître espagnol encore vivant mais très en retrait de la vie officielle espagnole depuis le retour de Ferdinand VII. Certaines gravures semblent avoir été particulièrement appréciées telle que la planche 2 intitulée El sí pronuncian y la mano alargan al primero que llega à laquelle Delacroix consacre une feuille de notre série2. Les autres dessins proposent une combinaison de motifs réalisés à partir de différentes planches. L'ensemble offre un vibrant témoignage du plaisir que prend le jeune peintre français à esquisser les visages grotesques et les corps décharnés imaginés par Goya. Cette pratique est attestée par d'autres dessins de Delacroix conservés dans diverses institutions publiques telles que le musée du Louvre, le British Museum ou encore the Fogg Art Museum. Si l'usage de l'encre brune, de la plume et du lavis est ici privilégié, Delacroix a également recours au crayon noir dans d'autres feuilles exécutées d'après Goya.
1. Sur la série des dessins produits par Eugène Delacroix d'après Goya, nous renvoyons à Paula Fayos-Perez, " Delacroix after Goya's 'Caprichos' : a new sheet of drawings ", The Burlington Magazine, 161 (1395), juin 2019, p. 474-481. Voir aussi la thèse de doctorat du même auteur en cours de publication : The Politics of the Grotesque : Goya's " Caprichos " and French Literature and Graphic Art in the Nineteenth Century (c.1799-1868), 2018, sous la direction de Jean Michel Massing.
2. Ibid., p. 477 : l'auteur précise que la planche 2 donne lieu à quatre autres dessins connus de la main de Delacroix.
Ce dessin s'inspire de plusieurs planches des Caprices de Goya : les planches 21 (¡Qual la descañonan!), 29 (Esto sí que es leer), 34 (Las rinde el sueño) et 43 (El sueño de la razon produce monstruos)
Estimation 10 000 - 15 000 €