Jean-Baptiste GREUZE Tournus, 1725 - Paris, 1805
Portrait présumé de Mademoiselle Clairon en costume oriental
Estimation 80,000 - 120,000 € [$]
¤ Temporary import
Jean-Baptiste GREUZE Tournus, 1725 - Paris, 1805
Portrait présumé de Mademoiselle Clairon en costume oriental
Huile sur toile
Presumed portrait of Mademoiselle Clairon, oil on canvas, by J. B. Greuze
h: 41 w: 34 cm
Provenance : Peut-être collection de Madame du Barry ;
Peut-être vente de la collection de Jean-Corneille Landgraff, Paris, Hôtel de Bullion, 21 décembre 1784, n° 36 (Portrait d'une jeune dame représentée en buste, de trois quarts, & dans un habillement de chasse. Ce morceau bien peint a été fait pour Madame du Barry) ;
Acquis auprès de la galerie Cailleux par Monsieur Jean Fraissinet à Paris dans les années 1950 ;
Puis par descendance ;
Collection particulière, Genève
Expositions : 'Les Goncourt et leur temps', Paris, Musée des Arts Décoratifs, 21 juin - 28 août 1946, p. 53, n° 383
'La femme dans l'Art Français', Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, mars-mai 1953, n° 61
'Célébrités françaises', Paris, Galerie Charpentier, 1954, n° 102
Bibliographie : Peut-être Jean Martin, 'Oeuvre de J.-B. Greuze. Catalogue raisonnée', Paris, 1908, p. 41, n° 609
'Connaissance des arts', n° 65, juillet 1957, p.5, rubrique 'Faisons connaissance', question n° 253
Olivier Bernier, 'The eighteenth-century woman', New York, 1981, p. 68
Neil Jeffares, 'Dictionnary of pastellists before 1800', version en ligne, mentionné dans la page consacrée à Greuze, p. 7 (consulté le 1 février 2024)
Commentaire : En buste, tourné de trois-quarts vers la gauche, le séduisant modèle peint par Jean-Baptiste Greuze est vêtu d'une casaque bleu-vert à broderies d'or, largement ouverte sur la poitrine et bordée de dentelle. La jeune femme porte un bonnet dans les mêmes tons et également brodé d'or qui laisse voir ses cheveux châtains aux reflets roux. Plusieurs mentions figurant dans le catalogue raisonné de l'artiste dressé par Jean Martin en 1908 peuvent être associées à ce portrait, sans qu'aucune ne coïncide de manière complètement satisfaisante avec notre portrait. Ainsi, la tête d'esclave grecque (n° 609 du catalogue) qui reprend dans un arrangement différent et dans un format plus important la Jeune Grecque, ainsi décrite " en habit d'amazone vert, brodé d'or ; chemise de dentelle ; bonnet lilas en forme de toque " nous semble pouvoir être rapprochée de notre tableau. Le catalogue mentionne également un portrait de l'actrice Mademoiselle de Clairon (n° 1079) passé en vente en 1834 (vente Lucien Bonaparte, n° 39) sans davantage de précisions. D'autres portraits de l'actrice portant une attribution à Greuze nous sont connus. Le musée de Pasadena, en Californie, conserverait une autre œuvre de Greuze représentant Mademoiselle Clairon en Roxane dont il existe une copie au musée des Beaux-Arts de Marseille1. La vente après décès de l'actrice qui a lieu du 5 au 15 mars 1773 ne nous fournit pas d'indices supplémentaires puisqu'elle ne mentionne que des estampes d'après des compositions de Greuze.
Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude (1723-1803), qui prend le pseudonyme de Mademoiselle de Clairon, fut une comédienne de la Comédie-Française de premier plan à la renommée internationale, s'installant à la cour du margrave d'Ansprach où elle demeure pendant 17 ans. D'origine modeste, elle entre à la Comédie-Française en 1743 et interprète les rôles de Phèdre et de Dorine. Mais c'est dans le répertoire de la tragédie qu'elle s'impose. Rien d'étonnant à ce qu'un tel modèle fut source d'inspiration pour Greuze qui s'évertua à traduire par le biais de ses pinceau les différentes passions de l'âme humaine. Mademoiselle Clairon déclarait elle-même dans ses Mémoires " tous les mouvements de l'âme doivent se lire sur la physionomie. Des muscles qui se tendent, des veines qui se gonflent, une peur qui rougit, prouvent une émotion intérieure, sans laquelle il n'est jamais de grand talent "2. Notre œuvre, pleine de charme et de spontanéité, montre un modèle aux joues rougies par l'émotion qui la submerge.
Les traits de Mademoiselle de Clairon furent immortalisés par d'autres artistes tels que Jean-Baptiste II Lemoyne (1761, marbre, Paris, Comédie-Française), Carle van Loo, qui la représente en Médée dans la pièce de Corneille (Berlin-Brandenburg, Neues Palais) ou Gabriel de Saint Aubin, dans un dessin conservé au Louvre (1771, RF 52209, Recto), ainsi que par des estampes. Ces divers points de comparaison nous permettent de proposer d'identifier le modèle comme étant Mademoiselle de Clairon, hypothèse déjà soutenue par la Galerie Cailleux dans les années 1940.
1. Claire-Josephe-Hippolyte Legris Clairon de la Tour, Mémoires, Paris, 1822, p. 265, cité par Edgar Munhall, " Quelques découvertes sur l'œuvre de Greuze ", in La Revue du Louvre et des musées de France, 16e année, 1966, n° 1, Paris, p. 90. Une toile ovale peinte par Greuze représentant Mademoiselle Clairon se trouvait également dans le fonds du marchand Gimpel fils en 1946 (voir A selection of five centuries of French painting, Londres, Gimpel fils, novembre-décembre 1946, n° 8)
2. Munhall, op.cit., p. 92
Nous remercions Madame Yuriko Jackall pour son aide à la rédaction de cette notice.
Lot en importation temporaire
L'acquéreur devra acquitter des frais d'importation, soit 5,5% en sus du prix d'adjudication sauf s'il réexporte immédiatement le lot hors de l'Union Européenne.
Lot in temporary importation.
In addition to the commissions and taxes, and additional import fees of 5,5% of the hammer price will be charged. The import fees can be retroceded to the purchaser on presentation of written proof of exportation outside European Union.
Estimation 80 000 - 120 000 €