Attribué à Valentin LEFEBVRE Bruxelles, 1637 - Venise, 1677
Les noces de Cana, d'après Paolo Veronese
Estimation 30,000 - 40,000 € [$]
Attribué à Valentin LEFEBVRE Bruxelles, 1637 - Venise, 1677
Les noces de Cana, d'après Paolo Veronese
Huile sur toile
(Petites restaurations en partie inférieure)
Dans un cadre en chêne sculpté et doré orné d'un large cartouche en partie supérieure
The wedding at Cana, after Paolo Veronese, oil on canvas, attri. to V. Lefebvre
h: 121 w: 174,50 cm
Provenance : Conservé dans la descendance du capitaine de hussards Hippolyte Charles (1772-1837) depuis au moins la seconde partie du XIXe siècle ;
Collection particulière, Drôme
Commentaire : On ne sait que trop peu de choses sur la vie et la carrière de Valentin Lefebvre. Longtemps oublié ou confondu avec des homonymes, l'histoire de l'art redonne peu à peu, au gré des découvertes, ses lettres de noblesses à celui qui fut l'un des 'véronésiens' les plus appréciés dans la lagune au milieu du XVIIe siècle. Les révélations par l'historien Ugo Ruggieri de son testament, rédigé à Venise le 21 août 1677 et de son acte de décès quelques temps plus tard permettent une meilleure clarification de la chronologie de sa carrière.
Valentin Lefebvre naît à Bruxelles en 1637, et après être passé par Paris vers 1654, ce qui est attesté par un dessin copiant Laurent de La Hyre, il s'installe à Venise au plus tard avant 1664. Outre l'information importante quant à son passage en France, cette donnée nous confirme l'intérêt du peintre pour l'art français de son temps et plus précisément pour l'atticisme parisien dont Laurent de La Hyre fut l'un des grands prophètes. A son arrivée à Venise, il se prend d'admiration pour l'œuvre de Paolo Véronèse dont il deviendra l'un des plus grands imitateurs. L'historien Luigi Lanzi évoque Valentin Lefebvre en des termes élogieux à la fin du XVIIIe siècle : " Valentin le Febre de Bruxelles a été omis par Orlandi ; et nombre de ses estampes d'après les œuvres de Paolo [Véronèse] et des meilleurs Vénitiens sont attribuées à un autre le Febre. Il peignit peu, et toujours suivant les traces de Véronèse, dont il fut l'un des copistes et imitateurs les plus heureux. Ses visages n'ont rien d'ultramontain, son coloris rien de son siècle vilain ; sa touche est puissante, mais n'offense pas. Ses petites peintures sont recherchées et très finies "1.
Notre toile constitue donc une vraie rareté du fait de sa paternité très probable à Valentin Lefebvre d'une part, mais aussi en ce qu'elle reprend l'une des compositions les plus fameuses de l'histoire de la peinture ancienne. Le tableau original fut commandé à Véronèse pour orner le réfectoire du monastère San Giorgio Maggiore. Le contrat précise que l'artiste peut peindre autant de figures qu'il est possible d'en faire entrer dans le tableau. Fort de dimensions colossales (677 x 994 centimètres), c'est très exactement cent trente figures que l'artistes plaça sur sa toile. Il raconte l'histoire du célèbre premier miracle du Christ, qui lança sa vie publique. Très précisément le peintre choisit le moment où la Vierge Marie semble indiquer à son fils, tous deux placés au centre de la composition, qu'il faudrait qu'il agisse en transformant l'eau en vin.
Aujourd'hui conservé au musée du Louvre, le tableau quitta sa place originelle au terme du traité de Campo-Formio du 17 octobre 1797 au titre des contributions de guerre à la suite de la première campagne d'Italie. Découpé en plusieurs morceaux, la toile fut reconstituée avant d'entrer au Museum central des arts (actuel musée du Louvre) le 31 juillet 1798.
1. " Valentino le Febre di Bruxelles è omesso dall'Orlandi; et le molte sue incisioni delle opere di Paolo e de' migliori veneti sono ascritte ad altro le Febre. Dipinse poco, e sempre sulle tracce del Veronese, di cui fu uno de' copisti e imitatori più felici. Nulla han dell'oltremontano i suoi volti, nulla del cattivo suo secolo il colorito; forte è la sua macchia, ma senza offendere. Le sue picciole pitture son ricercate e finite molto ", in Luigi Lanzi, 'Storia pittorica della Italia', Secondo tomo, parte prima, Bassano, Remondini, 1795-1796, p. 168.
Estimation 30 000 - 40 000 €