Louyse MOILLON Paris, 1610 - 1696
Composition aux abricots, au panier de prunes, au cacatoès et à la mésange bleue
Estimation 100,000 - 150,000 € [$]
Louyse MOILLON Paris, 1610 - 1696
Composition aux abricots, au panier de prunes, au cacatoès et à la mésange bleue
Huile sur toile
(Restaurations)
Fruits and birds, oil on canvas, by L. Moillon
h: 46 w: 74,50 cm
Provenance : Vente anonyme ; Florence, Finarte-Semenzato, 19 février 2003, n° 31 (comme Louyse Moillon) ;
Vente anonyme ; Milan, Finarte, 17 juin 2003, n° 661 (comme Louyse Moillon) ;
Collection particulière européenne ;
Vente anonyme ; Vienne, Dorotheum, 21 avril 2015, n° 89 (comme Louyse Moillon)
Bibliographie : Dominique Alsina, 'Louyse Moillon, la nature morte au Grand Siècle', Dijon, 2009, p. 267, n° 135, fig. CXXXVII (classé parmi les 'Peintres anonymes de l´école italienne')
Commentaire : Il est absolument entendu que cette toile par Louyse Moillon constitue une véritable curiosité, une magnifique curiosité. Après un examen de visu du tableau en 2010, le docteur Dominique Alsina l'intègre au corpus de la célèbre peintre et s'étonne alors des volatiles, cacatoès et mésange, inédits dans son œuvre. Outre le fait qu'ils soient inhabituels, ces animaux semblent comme déposés sur la toile sans réellement d'accroche tangible au travail de la nature morte au sens stricte, à savoir les abricots et prunes merveilleusement disposés à droite. Détail qui a son importance, le traitement de la lumière et des ombres semble s'affranchir de toute logique physique. La lumière arrive sur l'oiseau blanc de face alors que c'est bien par la gauche qu'elle frappe la corbeille. Plusieurs théories s'affrontent alors sur ce point : les oiseaux sont-ils le fruit du travail d'un autre artiste ? Cela serait tout à fait vraisemblable quand on connait l'environnement artistique vertueux dans lequel baigne Louyse depuis sa tendre enfance. Mais encore : ces volatiles ne pourraient-ils tout simplement pas être l'œuvre de la jeune Louyse dont l'art déjà particulièrement virtuose pour les natures mortes de fruits n'était en revanche pas autant affuté pour les figures et animaux ? Ou alors fut-elle contrainte ici de les rendre pour un commanditaire exigeant ?
Ces questions restent en suspens. Toujours est-il que cette toile ne laisse pas indifférent et nous offre, outre la pure délectation inhérente aux œuvres de premier choix, les douces énigmes propres à la peinture ancienne.
Louyse Moillon était la fille du protestant Nicolas Moillon (1555 - 1619), peintre et membre de l'Académie de Saint Luc. Elle grandit dans le quartier St-Germain-des-Près à Paris, qui, dès le début du XVIIe siècle, était un centre pour les peintres des Pays-Bas méridionaux cherchant à fuir les persécutions religieuses. Les influences nordiques apparaîssent dans ses natures mortes, genre dans laquelle elle se spécialise à la suite son beau-père et maître, François Garnier (vers 1600 - 1658). Dès son plus jeune âge, Louise fait preuve d'un talent exceptionnel dans la représentation des fruits, talent rapidement décelé par François Garnier comme en atteste l'inventaire après décès de sa mère survenu le 23 août 1630. A la rubrique 'prisée des tableaux…'……nous trouvons au groupe sept : 'tableaux exécutés par Louyse Moillon et dont le produit de la vente, après déduction des frais, sera partagé entre l'auteur et son beau-père, conformément à un accord passé le 30 juin 1620'. Louyse n'a alors que dix ans.
Notre tableau daterait, selon Dominique Alsina, de la jeunesse de l'artiste, plus précisément vers 1632. Dans sa matière tout à fait inimitable, qui dépasse de très loin ses plus célèbres contemporains comme Jacques Linard ou Pierre Dupuis, l'artiste nous offre une nature morte exceptionnelle d'une infinie poésie, avec cette étourdissante justesse dans les rendus des matières, propre à ses meilleurs tableaux.
La copie d'un certificat de Dr. Dominique Alsina en date du 18 novembre 2010 sera remis à l'acquéreur.
Nous remercions le Dr. Dominique Alsina de nous avoir confirmé l'authenticité de cette oeuvre dans un courriel en date du 8 février 2024 au sein duquel il nous indique que les oiseaux sont probablement d'une autre main.
Estimation 100 000 - 150 000 €