SECRÉTAIRE À ABATTANT D'ÉPOQUE TRANSITION Estampille de Jean François Leleu
Vendu 55 104
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SECRÉTAIRE À ABATTANT D'ÉPOQUE TRANSITION Estampille de Jean François Leleu
En laque de Chine et vernis européen à décor de chinoiseries or sur fond noir, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre bleu turquin, la façade ouvrant par un abattant découvrant un intérieur plaqué d'amarante et satiné, une tablette coulissante formant écritoire, quatre tiroirs en partie basse, les pieds cambrés agrémentés de sabots en bronze, estampillé J.F.LELEU sur le montant avant gauche ; petits accidents et manques
H. : 113 cm (44 1/2 in.)
l. : 77,5 cm (30 1/4 in.)
P. : 35 cm (13 3/4 in.)
Jean-François Leleu, reçu maître en 1764
Provenance : Ancienne collection privée du Sud de la France.
A Transitional ormolu-mounted, Chinese lacquer, japanned, amaranth and satinwood secretaire a abattant, stamped by Jean François Leleu
La rareté de ce secrétaire réside indéniablement dans son décor de panneaux en laque représentant un paysage lacustre chinois dans différents tons d'or avec des montagnes arborées, des groupes d'habitations traversés par des chemins et animés de quelques rares personnages, ainsi qu'un temple, dans la partie basse du côté gauche du meuble.
De prime abord, la naïveté des architectures et de certains motifs végétaux laisse penser que les panneaux auraient pu être des laques de production européenne, française ou anglaise, " à la manière de la Chine ". Cependant, la figuration schématique des ondulations de l'eau faite d'une superposition de traits oblique, le rendu en pointillés des feuillages des arbres sur les enrochements ou, encore, la représentation du pont en pierre dans la partie supérieure du panneau de l'abattant sont à rapprocher des dessins or sur fond rouge des authentiques panneaux en laque de Chine du XVIIIe siècle provenant d'un cabinet de l'hôtel du Châtelet à Paris, remontés au musée des Arts décoratifs (fig. 1).
En raison de leur prix élevé dû à la complexité de leur acheminement en Europe, les laques de Chine, et davantage celles du Japon - recherchées pour leur qualité supérieure et la beauté de leur relief d'or -, étaient réservées à une riche clientèle d'amateurs et de collectionneurs d'objets extrême-orientaux. Si les panneaux de laque du secrétaire ne provenaient pas du propre stock de Leleu, ils auraient pu lui être fourni par un particulier ou un marchand-mercier afin que l'ébéniste les transforme et les adapte aux lignes modernes du meuble (1). Quelle qu'en soit la provenance initiale, les panneaux laqués ont été appliqués par Leleu sur un secrétaire datable des premières années qui suivirent son accession, en 1764, à la maîtrise et l'ouverture de sa boutique rue de la Contrescarpe Saint-Antoine (actuel boulevard de la Bastille). Cette installation fut précipitée par son éviction mouvementée de l'atelier du défunt Jean-François Oeben (1721-1763) par son rival Jean-Henri Riesener (1734-1806) qui en avait pris la tête en épousant sa veuve. Le piètement généreusement galbé montre encore l'attachement de Leleu à la manière de son ancien maître Oeben, tandis que la partie haute de forme carrée, le dessin classique des chutes en bronze doré et le sobre travail de frisage à l'intérieur du secrétaire annoncent le goût pour la pureté de la ligne et la clarté ornementale qui devaient faire la renommée de Leleu.
À l'exception d'une commode en laque du Japon des années 1770-1775 probablement commandée par la duchesse de Mazarin (2) (collection particulière, ancienne collection du financier Laborde au château de Méréville), une superbe armoire en laque de Chine du XVIIIe siècle vendue chez Artcurial le 16 juin 2022 (lot. 21, ancienne collection du comte d'Armaillé), une paire de bibliothèques en laque rouge de la Chine (galerie Michel Meyer à Paris) (3) ou encore deux commodes l'une vendue chez Aguttes le 28 mai 2015 et la seconde, chez Sotheby's à Paris le 6 juillet 2017 (lot 116, ancienne collection Djahanguir Riahi), les meubles en laque extrême orientale sont très rares dans la production de Leleu.
1. T. Wolvesperges, "Le meuble français en laques au XVIIIe siècle", Paris, Les éditions de l'amateur, 2000 p 146-151.
2. Ibid., p. 367, rep. p. 85, fig. 63.
3. Reproduit dans "L'Estampille-L'Objet d'art", n° 327, septembre 1998, p. 38.
Estimation 30 000 - 50 000 €
Vendu 55 104 €
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