Maître de la Madeleine Mansi Actif aux Pays-Bas, premier quart du XVIe siècle
La Sainte Famille
Estimation 100 000 - 150 000 € [$]
¤ Importation temporaire
Maître de la Madeleine Mansi Actif aux Pays-Bas, premier quart du XVIe siècle
La Sainte Famille
Huile sur panneau de chêne, trois planches
The Holy Family, oil on oak panel, by the Master of the Mansi Magdalen
Hauteur : 90,50 Largeur : 66,50 cm
Provenance : Galerie Paul Cassirer, Berlin, en 1928 (selon le catalogue de Max J. Friedländer) ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 9 décembre 2022, n° 106 ;
Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire
Bibliographie : Max J. Friedländer, 'Early Netherlandish Painting (comments and notes by H. Pauwels)', New York, Washington, 1971, volume VII, p. 82, suppl. 183, plate 124
Commentaire : La figure de la Vierge Marie, vêtue d'une robe aux couleurs changeantes (cangiante), est figurée assise sur un impressionnant trône de marbre, de bois précieux et d'or abrité sous un dais vert. Le Christ se tient debout sur ses genoux, partiellement couvert d'un voile transparent. Dans un geste tendre, l'Enfant Jésus s'approche de la Vierge comme pour déposer un baiser sur la joue de sa sainte mère. Près d'eux se trouve Joseph absorbé dans la lecture de la Bible. L'arrière-plan immédiat présente une architecture monumentale aux colonnes sculptées, tandis qu'au loin se déploie un paysage vallonné. La scène se développe devant un parapet recouvert d'un tissu bleu sur lequel sont disposés deux cerises, une grappe de raisins et une pomme.
On doit le nom de convention de ce peintre anonyme actif à Anvers au début du XVIe siècle à Max Jakob Friedländer qui fut le premier à attribuer à cette personnalité un corpus d'œuvres homogène1. Il réunit notamment autour de ce nom, élaboré à partir d'une Sainte Marie Madeleine (aujourd'hui conservée à la Gemäldegalerie de Berlin2) se trouvant dans la collection du marquis Giambattista Mansi à Lucques (fig. 1), un Salvator Mundi conservé au musée de Philadelphie ainsi qu'une Lamentation du Christ se trouvant dans les collections du Norton Simon Museum de Pasadena.
Friedländer a proposé d'identifier le Maître de la Madeleine Mansi au peintre Willem Muelenbroec, actif à Anvers dans le sillage de Quentin Metsys entre 1510 et 1530, sans que les sources ne puissent confirmer cette hypothèse. Un certain nombre de rapprochements stylistiques peuvent en effet être établis avec l'œuvre de Metsys. Ainsi, notre tableau peut être mis en rapport avec la Madone à la cerise, prototype dont une version est conservée au Mauritshuis de La Haye (vers 1525-1530, n° d'inv. 842, fig. 2). Les marbres colorés ainsi que l'exubérance du décor du trône montrent que le peintre a observé avec attention les compositions de Metsys. L'œuvre de Bernard van Orley, artiste profondément marqué par les développements plastiques de la Renaissance italienne, constitue sans nul doute une autre source d'inspiration du peintre. Les éléments sculptés du décor du trône ainsi que les motifs qui ornent les colonnes reprennent un vocabulaire italien et montrent à quel point les échanges entre le Nord et le Sud de l'Europe sont féconds.
Les fruits savamment déposés sur un entablement au premier plan, dont l'objectif est non seulement de mettre en évidence les talents illusionnistes du peintre mais aussi de faire allusion à l'incarnation et au sacrifice du Christ, dérivent des compositions de Joos van Cleve. Citons par exemple la Vierge à l'Enfant du musée de l'Ermitage à Saint Pétersbourg.
La personnalité artistique aux contours encore incertains du Maître de la Madeleine de Mansi constitue un passionnant sujet d'étude. Espérons que cette remarquable Vierge à l'Enfant suscite l'intérêt d'historiens de l'art prêts à reprendre ce fascinant dossier.
1. Max J. Friedländer, " Der Meister der Mansi-Magdalena ", in Jahrbuch der Königlich Preussischen Kunstsammlung, 1915, volume 36, 1915, p. 6-12. Une version actualisée du corpus du peintre dans Early Netherlandish Painting. Quentin Massys, vol. VII, Leyde, 1967, p. 71-72.
2. Berlin, Gemäldegalerie, n° d'inv. : 574D
Lot en importation temporaire
L'acquéreur devra acquitter des frais d'importation, soit 5,5% en sus du prix d'adjudication sauf s'il réexporte immédiatement le lot hors de l'Union Européenne.
Lot in temporary importation.
In addition to the commissions and taxes, and additional import fees of 5,5% of the hammer price will be charged. The import fees can be retroceded to the purchaser on presentation of written proof of exportation outside European Union.
Estimation 100 000 - 150 000 €