Eustache LE SUEUR Paris, 1617 - 1655
La Charité (ou la Miséricorde)
Estimation 60 000 - 80 000 € [$]
Eustache LE SUEUR Paris, 1617 - 1655
La Charité (ou la Miséricorde)
Panneau de pin, cinq planches non parquetées
(Accidents, fentes et restaurations anciennes)
Sans cadre
The Charity, panel, by E. Le Sueur
Hauteur : 118,50 Largeur : 88,30 cm
Provenance : Collection Guillaume Brissonnet (1602-1674), président au Grand Conseil, chapelle de l'hôtel Brissonnet au Nord du Marais (actuellement 12 rue Portefoin), Paris ;
Puis par descendance à Jean-Baptiste Brissonnet (l'hôtel est acheté par le conseiller Vincent d'Invault en 1698) ;
Collection Jacques Turgot de 1714 à 1722 ;
Puis par descendance à Michel-Etienne Turgot (1690-1751) ;
Puis par descendance à Anne-Robert-Jacques Turgot (1727-1781), ministre des Finances de Louis XVI ;
Puis par descendance à Etienne-François Turgot, marquis de Soumont ;
Tableaux déplacés vers la résidence du marquis de Soumont au quai d'Orléans ;
Vente de l'Annonciation en 1795 (les tableaux sont dispersés lors de cette vente) ;
Vente anonyme par Lebrun ; Paris, 10 août 1803, n° 117 ;
Vente de la collection Van Leyden, Paris, 10 septembre 1804, n° 156 ;
Vente de la collection Lebrun, Paris, 29 septembre 1806, n° 109 ;
Vente de la collection [Souyn], 20 novembre 1821, n° 119 ;
Collection particulière
Bibliographie : Marguerite Sapin, "Précisions sur l'histoire de quelques tableaux d'Eustache Le Sueur", in 'Bulletin de la société d'histoire de l'art français', année 1984, paru en 1986, p. 76 , n°48 (tableau disparu)
Alain Mérot, 'Eustache Le Sueur, 1616-1655', Paris, 1987, p. 247-248, n°102 (tableau disparu)
Commentaire : Oeuvre en rapport: Etude d'ensemble, pierre noire, mis au carreau à la sanguine et à la pierre noire, 12x14cm, Montpellier, musée Fabre, D.2210 (fig. 1)
Notre panneau inédit peut être facilement mis en lien avec deux autres éléments déjà connus qui ornaient les lambris de la chapelle de l'hôtel particulier de Guillaume Brissonnet, de dimensions proches1 et possédant un fond d'or gaufré similaire ('La Douceur ou la Mansuétude', 100,7 x 67, Chicago, Art Institute, fig.2, et La Justice, 101,6 x 46,4 cm, musée des Beaux-Arts de Strasbourg, fig. 3). Président du Grand Conseil, le propriétaire des lieux s'adresse à Le Sueur, au tout début des années 1650. Des sources contemporaines décrivent l'intérieur2 et indiquent sur l'autel une 'Annonciation' (aujourd'hui à Toledo, Museum of Art), deux tableaux disparus représentant les saints patrons des commanditaires, saint Guillaume et sainte Marguerite, et huit panneaux décoratifs symbolisant les Béatitudes3.
A cette date, l'artiste vient de terminer la série sur la vie de saint Bruno (1645-1648) et travaille aux décors de l'hôtel Lambert (1644-1654, musée du Louvre). Il participe à la création de l'Académie, au moment où s'élabore le courant pictural de l'atticisme' parisien qui prône le retour aux modèles classiques de Raphaël et Poussin.
La composition de notre œuvre était connue dans ses grandes lignes par un dessin préparatoire conservé au musée de Montpellier (fig. 3). Depuis l'ouvrage du président de Brosses (1739), la critique accole au nom de Le Sueur l'épithète de "Raphaël français". Pour notre peinture, il s'inspire d'une composition triangulaire stricte telle qu'on la trouve chez les madones florentines du maître italien, par exemple 'La Belle Jardinière' de musée du Louvre, que les artistes parisiens connaissaient bien puisqu'elle appartenait à la collection royale française. Il garde le corsage rouge, le grand manteau drapé bleu et varie légèrement la position des deux enfants.
1 Il est probable que les barbes noires en haut et en bas de ces deux panneaux aient été rognées, pour en faire des tableaux indépendants alors qu'elles ont été conservées sur le nôtre.
2 Voir Guillet de Saint-Georges, 'Mémoire historique des ouvrages de M. Lesueur peintre …, Ecole des Beaux-Arts, manuscript', 1690, p.164 publié par Louis Dussieux, 'Nouvelles recherches sur la vie et les ouvrages d'Eustache Le Sueur', Paris, 1852, p. 26, Florent le Comte, 'Cabinet des singularitez d'architecture, peinture, sculpture et graveure', t. II, Paris, 1699, p. 98, Antoine Joseph Dézallier d'Argenville, 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres', t. II, Paris, 1745, p. 297, Antoine-Nicolas Dézallier d'Argenville, 'Voyage pittoresque de Paris', Paris, 1749, p. 145.
3 Les huit Béatitudes sont nommées par Jésus dans le sermon sur la Montagne.
Estimation 60 000 - 80 000 €