DEUX TABLES DE NUIT FORMANT PAIRE D'EPOQUE TRANSITION ESTAMPILLE DE ROGER VANDERCRUSE DIT LACROIX
Vendu 86 060
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DEUX TABLES DE NUIT FORMANT PAIRE D'EPOQUE TRANSITION ESTAMPILLE DE ROGER VANDERCRUSE DIT LACROIX
En placage de sycomore couleur tabac et filets de bois clair, ornementation de bronze ciselé et doré, le plateau de forme ovale ceint d'une galerie ajourée, l'un de marbre blanc veiné, l'autre orné de placage uni, la ceinture ouvrant par un tiroir en façade muni d'une écritoire gainée de cuir vert, agrémentée de trois compartiments garnis de doublures de métal argenté, le corps ceint d'une grille, reposant sur des pieds cambrés réunis par une tablette d'entrejambe et terminés par des roulettes, l'une estampillée R.V.L.C., l'autre portant inscrite à l'encre noire la lettre .W. (pour Versailles) et plusieurs inscriptions à l'encre très effacées dont une lettre W et peut-être un ancien numéro
Dimensions du premier chevet :
Hauteur : 76 cm. (29 3/4 in.),
Largeur : 51 cm. (20 in.),
Profondeur : 38 cm. (15 in.) ;
Dimensions du deuxième chevet :
Hauteur : 77 cm. (30 1/2 in.),
Largeur : 48,5 cm. (19 in.),
Profondeur : 36 cm. (14 1/4 in.)
Roger Vandercruse dit Lacroix (RVLC), reçu maître en 1755
TWO TRANSITIONAL ORMOLU-MOUNTED AND SYCAMORE TABLES DE CHEVET, STAMPED BY RVLC
Nos deux tables appartiennent à un type de meubles légers abondamment produits par Roger Vandercruse (1728-1799), mais aussi par Martin Carlin (v.1730-1785) ou Claude-Charles Saunier (1735-1807) et dont le modèle fut vraisemblablement élaboré par des marchands merciers, tels Simon-Philippe Poirier (v.1720-1785) et Dominique Daguerre (1730-1796), son associé jusqu'en 1777. Même si leur forme restait inchangée, en fonction des revêtements du plateau ces tables pouvaient remplir diverses fonctions : tables à écrire, tables à thé, tables en chiffonnière, ou bien, comme dans le cas de l'une des nos tables, pourvues d'un plateau en marbre, elles étaient utilisées comme tables de nuit. Selon le goût des commanditaires et suivant la mode, elles pouvaient être recouvertes de marqueterie en différents essences de bois précieux, ou bien revêtues de placages unis à l'anglaise, en citronnier de Saint Domingue, sycomore, acajou, etc., rehaussés de filets de buis, de bois violet, ou d'ébène. De même, leur garniture de bronze doré pouvait aller du plus sobre au plus riche, comme dans le cas de deux tables de ce modèle dont les plateaux et les tablettes sont ceinturés par un motif drapé (Paris, musée Nissim de Camondo, inv. 131, provenant de l'anc. coll. Rikoff ; Christie's, New York, 18 mai 2006, n°785).
L'une des nos tables, à plateau en bois de placage, est frappée du fer de R.V.L.C., tandis que l'autre, garnie d'une dalle de marbre, n'est pas estampillée, mais porte la lettre W tracée à la main à l'encre noire, ainsi que d'autres inscriptions très effacées, provient-elle donc du mobilier du château ou du domaine de Versailles, qui était souvent marqué de ce monogramme. En effet, la collaboration soutenue de Vandercruse avec Gilles Joubert (1689-1775), ébéniste du roi et principal fournisseur du Garde Meuble de Couronne, est attestée pour la période comprise entre 1769 et 1774 ; puis, en 1787-1788, Vandercruse livra directement quelques meubles en acajou pour cette administration.
Cependant, notre table provenant de Versailles ne semble pas avoir été fournie par l'entremise de Joubert, car le Journal du Garde Meuble n'enregistre pendant cette période aucune livraison dont la description et les dimensions pourraient être rapprochées de celle-ci. Elle a dû certainement être livrée par l'entremise de l'un des marchands merciers pour lesquels travaillait Roger Vandercruse : on sait, par exemple, qu'en 1770 Poirier vendit des meubles à Madame Du Barry pour son appartement versaillais et que Daguerre livra pour Mesdames à Bellevue une table fabriquée par Saunier, d'un modèle similaire au nôtre, avec des placages en bois uni à filets très ressemblants, mais munie d'un plateau en porcelaine de Sèvres datée 1786.
Ainsi, ce type de table appartenant stylistiquement à la Transition, resta en faveur bien au-delà des années 1770. Vandercruse le reprit à maintes reprises et quelques exemplaires portant son estampille sont encore conservés : hormis les deux tables déjà mentionnées, on connaît une autre à marqueterie de treillis losangé (Christie's, Londres, 9 décembre 1982, n°49), une seconde avec le même genre de marqueterie unie que nos deux tables provenant de l'ancienne collection René Fribourg (Sotheby & Co, Londres 17-18 octobre 1963, n°788), enfin une dernière, également en placage de satiné, de citronnier et d'amarante (Paris, Drouot Montaigne, Me Kohn, 23 septembre 1996, n°84).
Estimation 30 000 - 50 000 €
Vendu 86 060 €
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