BRASSENS (Georges)
Manuscrits autographes pour la chanson Le Blason.
Sold 24,700
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BRASSENS (Georges)
Manuscrits autographes pour la chanson Le Blason.
74 p. sur 45 ff. in-4 (divers formats : 32 ff. papier quadrillé perforé et 13 ff. papier quadrillé tirés d'un cahier à spirale).
La chanson Le Blason figure sur l'album Fernande, gravé en 1972, et probablement un des plus grivois de Brassens.
Brassens avait d'abord présenté une chanson intitulée " Révérence parler " dans son récital à Bobino de 1969. Mais insatisfait de ce texte, il la retire du tour de chant après quelques représentations. Cette chanson, sous ce titre, ne sera jamais enregistrée. Elle réapparaîtra finalement, en 1972, sous une forme plus courte et avec le titre du Blason. Ce titre est une référence explicite à l'univers de la poésie de la Renaissance, plus particulièrement la forme du genre poétique du " blason ", dont il reprend à Clément Marot la verdeur anatomique. Mais c'est aussi une critique envers la pauvreté et la grossièreté des images pour décrire le sexe féminin.
" Avec Brassens, le sexe fait son entrée dans l'arène populaire de la chanson. Il s'en amuse pour dénoncer les rapports difficiles entre hommes et femmes et laisse largement entrevoir que bien des mâles sont dépassés par l'ampleur de la tâche : satisfaire physiquement sa moitié. Lorsqu'il écrit "Le Blason", tout en s'inscrivant dans une longue tradition poétique, il révèle une fascination pour ce "morceau de roi" de l'anatomie féminine, pour son "plus bel apanage". " (Poulanges, Passion Brassens, p. 142.)
Parmi la masse de documents, un feuillet (vraisemblablement incomplet) intitulé " Révérence parler ", présente la première version (inédite, donc) de la chanson. Pour le reste, les feuillets offrent toutes les recherches et élaborations du poète pour arriver à une version qui le satisfasse. Des vers trop crus ou triviaux (" Que l'objet de nos amours s'appelle un con peuchère ", le mot " cul ") finissent par être éliminés. En écoutant la version finale, on comprend comment cet élagage a permis à Brassens de proposer une chanson bien plus subtile, reposant bien plus sur l'évocation que l'énonciation.
Ces documents offrent à voir l'abondant travail de recherche lexicale de Brassens, listant des noms de fleurs, d'oiseaux, de pierres semi-précieuses… L'élaboration du texte, longue, minutieuse, se fait aussi bien par cette recherche de termes, que par la recherche de rimes, pour finir par un polissage des strophes déjà écrites afin que la chanson trouve son, équilibre. Et en chemin, il y a un travail d'ordonnancement des vers et des strophes. De loin en loin Brassens se note des consignes : " ÉVITER Pâquerette et nénuphar qui se disent en argot ", " commencer par la malepeste ".
L'ensemble est d'une richesse, quasi-labyrinthique, inouïe et permet sans doute le mieux de voir et comprendre la méthode de travail de Brassens ; l'ampleur que ses recherches et retouches peuvent prendre se perçoit ici nettement.
Ce que résume d'ailleurs Alain Poulanges : " […] Il retrouve son établi pour écrire dès cinq heures du matin. Des mots et des mots pour trouver le mot, la phrase, le bon assemblage, l'inversion idéale, afin d'être compris tout de suite sans avoir recours à la facilité. " (Poulanges, p. 168).
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