Carlo BONONI Ferrare, 1569 - 1632
La Sainte Famille
Estimation 40,000 - 60,000 € [$]
Carlo BONONI Ferrare, 1569 - 1632
La Sainte Famille
Toile d'origine
Probablement dans son cadre d'origine, a cassetta, en bois sculpté et doré à décor floral à motif de tulipes, sculpté et appliqué, au milieu et dans les angles
The Holy Family, original canvas, by C. Bononi
h: 90 w: 66,50 cm
Provenance : Collection particulière, Île-de-France
Commentaire : Carlo Bononi se forme dans sa ville natale chez Giuseppe Mazzuoli, dit le Bastarolo. Sa peinture gardera le souvenir de la tradition ferraraise, de la lumière vénitienne de Dosso Dossi et Scarsellino. Encore jeune, il voyage à Bologne, où il assimile la tradition naturaliste des Carrache, en particulier celle de Ludovic. Durant son séjour à Rome il s'imprègne des nouveautés du Caravage, d'Annibale Carracci, et de Guido Reni. Il passe aussi à Parme et à Venise, reçoit des commandes pour Mantoue, Cento, Ravenne et Reggio Emilia. En 1616-1617, il exécute la voûte de l'église de Santa Maria in Vado à Ferrare, travaille à la basilique de la Ghiara à Reggio Emilia, deux chantiers où il rencontre et échange avec Guerchin. À la mort de Scarsellino en 1620, Bononi s'installe à Ferrare ; il reçoit de nombreuses commandes, dans sa région, et même jusqu'à Bologne (grande pala de San Salvatore, vers 1627). À la suite des publications de Roberto Longhi (1934) et de la monographie d'Andrea Emiliani (1962), il est reconnu comme l'un des peintres émiliens les plus importants du début du XVIIe siècle, ce qu'a confirmé l'exposition de Ferrare de 2017 au Palazzo dei Diamenti Carlo Bononi : 'l'ultimo sognatore dell'officina ferrarese'. Hors d'Italie, les musées du Louvre, de Toulouse, Strasbourg, Brème, conservent certaines de ses œuvres.
Comme la plupart des grands maîtres de l'époque baroque, il passe avec aisance du retable et de la fresque à des petits et moyens formats pour amateurs, dans lesquels il garde la fraîcheur expérimentale des grandes compositions. C'est le cas de notre tableau inédit, qui conserve la monumentalité et la structure géométrique forte de ses grands formats. L'ensemble est divisé en forme de croix : le paysage atmosphérique vénitien dans la partie supérieure gauche, les anges dans celle en haut à droite, saint Joseph au-dessous, et la Vierge et l'Enfant dans le dernier espace à gauche. L'artiste a séparé physiquement ces deux protagonistes, en choisissant une iconographie originale : l'enfant tend le livre à sa mère. Il inverse la relation habituelle où c'est la Mère qui lit le texte à Jésus. La rigueur des lignes du second plan est atténuée par une diagonale marquée, elle unit les deux bras de ce groupe aux anges dans les cieux. La connexion entre l'espace céleste et celui terrestre, caractéristique de la Contre-Réforme, avait été utilisée fréquemment par les Carracci et leurs élèves. Le balancement élégant du bras de l'ange se retrouve, par exemple, dans la 'Fuite en Egypte' de Santa Maria in Vado et dans la Pietà de Ferrare (fig. 1).
Nous souhaiterions terminer cette notice par deux citations, tirées du catalogue de l'exposition de 2017, citée plus haut : Les anges, " au caractère noble et en même temps accessible ", dans leur " majesté calme ", sont " des figures qui semblent appartenir au monde titanesque et mélancolique de Ludovico Carracci " (Michele Danieli dans le catalogue de l'exposition de 2017, p. 156) ; " Carlo Bononi, conscient de la production en petit format pour amateurs de Garofalo et Girolamo da Carpi, la réactualise à l'aune de Ludovico Carracci, sans ignorer les raffinements poétiques et les couleurs de Barocci " (Cecilia Vicentini, toujours dans le catalogue de 2017, p. 170).
Estimation 40 000 - 60 000 €