COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XIV, PARIS, VERS 1710-1715 Attribuée à Nicolas Sageot
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COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XIV, PARIS, VERS 1710-1715 Attribuée à Nicolas Sageot
En marqueterie en première partie de laiton, incrustations de corne polychrome et de nacre sur fond d'écaille brune, cuivre et bronze doré, le dessus de marbre brèche violette mouluré en bec de corbin, de forme bombée et ouvrant en façade par deux petits tiroirs à la partie supérieure et par deux autres grands tiroirs, disposés en trois rangs à traverses, les montants arrondis, le décor composé de doubles volutes à rinceaux supportant un vase, disposé symétriquement sur les tiroirs face à un petit panneau médian d'aspect carré, de bandes sur les montants, à riches cartels à fleurons, volutes et médaillons polylobés ornés d'un motif réticulé à losanges ponctués de rosaces quadrilobées en laiton sur fond de nacre, enfin, de deux panneaux sur les côtés ornés de cartels renfermant une ample rosace de palmettes et rinceaux d'acanthe, le tout entouré de rinceaux à feuilles et fleurs également d'acanthe, les tiroirs ainsi que les montants et les côtés de la commode sont ceints de bandes de cuivre guilloché, les mains à poignées torsadées et supports en rosace, les entrées de serrure à masque de Pomone posé sur un cartel à volutes et chutes à fleurons, les pieds à doubles volutes en console disposées de part et d'autre d'une palmette surmontant une réserve réticulée
H. : 83 cm (32 1/2 in.)
l. : 129 cm (50 1/2 in.)
P. : 65 cm (25 1/2 in.)
A Louis XIV ormolu-mounted, Boulle marquetry commode, attributed to Nicolas Sageot, circa 1710-1715
Selon Pierre Grand, notre meuble appartient à un groupe de commodes très similaires, caractérisées par leur façade bombée, par les trois rangs de tiroirs et par les montants arrondis. Les différences sont constituées par leurs plateaux, soit marquetés, soit recouverts d'une dalle de marbre, par l'aspect des décors sur les panneaux latéraux, par la présence ou l'absence d'un tablier en ceinture, et enfin, par de petites variations dans leurs parures en bronze(1).
Ce modèle décliné soit avec un revêtement en marqueterie de cuivre et d'écaille, soit recouvert en bois de placage, fut attribué à tour de rôle à Aubertin Gaudron et à Noël Gérard. La première attribution est à écarter.
Une commode vendue par Christie's en 1997(2), portant une estampille AG, vraisemblablement celle d'un marchand de bois ou d'un menuisier, fut attribuée à Aubertin Gaudron comme une seconde, sur laquelle on a cru voir la même marque dans une estampille AC renfermée dans un médaillon ovale, en réalité celle de l'ancienne collection Albin Chalandon(3). Il faut cependant écarter d'emblée l'attribution de ces meubles à Aubertin Gaudron, lequel décéda en 1684(4), moment où la commode comme pièce de mobilier n'avait pas encore été inventée.
L'attribution à Noël Gérard repose, quant à elle, sur la présence de son estampille abréviative NG, identifiée par Alexandre Pradère(5), sur une commode du même type recouverte en placage de bois de rapport, autrefois dans la collection de Madame Camoin(6). L'analyse de quelques unes des commodes de ce modèle conservées permet d'affiner encore cette seconde attribution, l'orientant plutôt vers un rattachement à l'œuvre de Nicolas Sageot qu'à celle de Noël Gérard. L'une d'entre elles, aussi en première partie mais sur un fond d'écaille teintée en rouge, vendue par Sotheby's à Londres(7), est en tout identique. Comme notre commode, elle ne présente pas de tablier et est coiffée d'une dalle de marbre. Une seconde, également sans traverse mais avec les montants d'un modèle différent, est passée en vente à Paris(8). La commode de Sotheby's, ainsi que quatre autres, dont trois en contrepartie(9), et une en première partie, provenant de Clumber Park(10), munies de tabliers, sont décorées sur les côtés de panneaux marquetés identiques à ceux de notre commode. Or, la commode de Clumber Park porte l'estampille de Nicolas Sageot. Par ailleurs, sur l'une des autres commodes, passée pour la première fois chez Christie's à Monaco en 1992, le plateau marqueté est orné en son milieu d'un médaillon ovale représentant une scène avec Bacchus, Pan, Apollon et un roi assis, dans un paysage arboré et architecturé, au bord d'un bassin où évoluent deux cygnes. Ce thème iconographique, repris sur une seconde commode(11), ainsi que d'autres motifs, tels que ceux de la Naissance de Vénus(12), d'Hercule combattant l'Hydre(13), du Triomphe de Pallas ou de l'Amour(14), de scènes de chasse(15), etc., de même que les grandes compositions à panneaux décorés d'un danseur à la Berain, sur les côtés d'une commode du même modèle de la Résidence d'Ansbach(16), sont communs à plusieurs meubles à revêtement en marqueterie de cuivre et d'écaille, portant l'estampille ou attribués à Nicolas Sageot.
Nicolas Sageot
En effet, dans un état des marchandises de Sageot, joint à la vente que celui-ci avait conclue le 26 juillet 1720 en faveur de Léonard Prieur, marchand joaillier suivant la cour, sont mentionnées hormis des armoires, bibliothèques et bureaux, dix commodes de quatre pieds [129,92 cm], dont quatre " sans dessus, aussi de marqueterie de cuivre et d'escaille et pareillement garnies de bronzes ", ces dernière estimées à 2 500 livres, également " quatre commodes de trois pieds huit pouces [119,10 cm] de long, aussi de marqueterie de cuivre et escaille et pareillement garnies de bronze " et de deux autres " corps de commodes " de la même dimension, enfin, une dernière, également marquetée dont les dimensions ne sont pas précisées, évaluée à 300 livres.
Il semble donc vraisemblable de penser que des commodes du modèle de la nôtre ont été fabriquées aussi par l'atelier de Nicolas Sageot. Leur revêtement marqueté répétitif, doit être mis en rapport avec la présence d'un même marqueteur, en l'occurrence Toussaint Devoye (†1753), comme l'a découvert Pierre Grand(17). Or, Devoye fournissait aussi en marqueteries un autre ébéniste, Pierre Moulin, qui avait épousé en 1712 la belle-sœur du marchand ébéniste Noël Gérard, avec lequel tous les deux entretenaient des relations de travail.
Rappelons qu'à son décès en 1736, Noël Gérard possédait l'un des plus importants commerces d'ébénisterie et d'objets de luxe de Paris, qu'il avait installé dans les années 1720, à l'enseigne du Magasin Général, dans l'ancien hôtel du collectionneur Jabach, rue neuve Saint-Merry. Pendant les dernières années de sa vie, il concentrait tout son effort sur son activité de marchand, ayant vraisemblablement réduit considérablement le travail d'ébéniste. Hormis quelques pièces, l'inventaire ne fait ainsi état ni d'autres meubles recouverts de cuivre et d'écaille, ni d'outils de marqueterie. Plusieurs commodes y sont inventoriées, mais elles sont toutes recouvertes en bois de placage ou en bois noirci. Cependant, rien n'empêche de penser que Gérard avait déjà écoulé par le biais de son commerce des commodes en marqueterie de cuivre et d'écaille, soit livrées par Sageot avant sa cessation d'activité en 1720, soit produites par Pierre Moulin, soit, enfin, exécutées dans son propre atelier et recouvertes de décors marquetés par Toussaint Devoye lui-même, que ce dernier produisait en nombre.
1. Pierre Grand, " Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque ", L'Estampille-l'Objet d'art, 266, février 1993, p. 48-70.
2. New York, 21 octobre 1997, n°31 ; une autre commode de la même famille, non estampillée, attribuée aussi à Aubertin Godron, Christie's, Londres, 11 juin 1998, n°40.
3. Vente, Paris, Me Tajan, 25 juin 1996, n°183, voir pour la discussion de cette commode et de la précédente C. Demetrescu, " Les Gaudron, ébénistes du temps de Louis XIV ", BSHAF, année 1999, Paris, 2000, p. 33, p. 34-35, fig. 1-3 et note 2, p. 52.
4. Arch. nat., Min. cent., CXVII, 123, inventaire après décès d'Aubertin Gaudron du 6 mars 1684.
5. Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, Eds. du Chêne, 1989.
6. Vente, Paris, Drouot, 2 avril 1987, n°133.
7. 3 décembre 1997, n°79.
8. Vente, Paris, Me Ader, 11 juin 1965, n°80.
9. Christie's, Londres, 7 décembre 1989, n°74 ; Christie's, Monaco, 5 décembre 1992, n°50, puis Christie's, Monaco, 1er juillet 1995, n°212 et enfin, Christie's, Londres, 12 juin 1997, n°125 ; une troisième, Sotheby's, Zurich, 27 novembre 2000, n°341.
10. Christie's, Londres, 16 décembre 1999, n°50.
11. Vente, Cologne, Lempertz, 18 novembre 2016, n°994.
12. Christie's, Londres, 5 juillet 2013, n°46.
13. Christie's, Londres 11 juin 1998, n°40.
14. Sotheby's, Monaco, 24-25 juin 1984, n°3053 ; Sotheby's, New York, 21 mai 1992, n°69 ; Sotheby's, Londres, 6 juillet 2016, n°12.
15. Sotheby's, Londres, 13 juin 2001, n°253.
16. Reproduite par Christoph von Pfeil, Die Möbel der Residenz Ansbach, Munich, Londres, New York, Prestel, 1999, cat. 5, p. 63-67.
17. Pierre Grand, art. cit., p. 64 et suiv.
Spécimen en écailles de tortue marine spp (Cheloniidae spp) (I/A-CE) pré-convention, antérieur au 1er juin 1947 de ce fait conforme au Regle CE 338/97 du 09/12/1996 art.2-W mc, conforme au Code de l'environnement français (antériorité avant l'application de l'AM relative à la protection des tortues marines). Pour une sortie de l'UE un CITES de ré-export sera nécessaire, celui-ci étant à la charge du futur acquéreur.
Specimen made of sea turtoiseshell spp (Cheloniidae spp) (I/A-CE), pre-convention, before the 1st of June 1947 and therefore in conformity with the EC Regle 338/97 dated 09/12/1996 art.2-W mc, in conformity with the French environmental Code. For any export out of the EU a CITES will be necessary, its cost supported by the future buyer.
Estimation 70 000 - 100 000 €
Sold 104,000 €
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