Ecole française du XVIIe siècle Entourage d'Adam van der Meulen
Vue du château et du village de Seignelay, Bourgogne
Sold 91,840
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Ecole française du XVIIe siècle Entourage d'Adam van der Meulen
Vue du château et du village de Seignelay, Bourgogne
Huile sur toile
Légendée 'VUE DU CHATEAU, VILLE, ET PAYSAGE DE SEIGNELAY, PEINT PAR / VANDERMEULEN, SOUS MR. COLBERT.' en partie supérieure
Sans cadre
View of the castle and village of Seignelay, oil on canvas, French school, 17th C
h: 146 w: 192 cm
Provenance : Collection du marquis de Gontaut-Biron, château de Courtalain ;
Vente " Souvenirs de Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay ", Paris, Hôtel Drouot, Me Coutau-Bégarie, 28 mai 2021, n° 156 (comme entourage d'Adam Frans van der Meulen)
Expositions : 'Jean-Baptiste Colbert et Seignelay - La vie sous l'Ancien Régime', Seignelay, Auditoire du Baillage, juillet-août 1960, n° 84
Bibliographie : Peut-être M. V.-B. Henry, 'Mémoires historiques sur la ville de Seignelay', t. I, Avallon, 1833, p. 254
Peut-être 'Annuaire historique du département de l'Yonne', Auxerre, 1880, p. 76
Claude Baruteau, "A propos d'une exposition en Bourgogne : Jean-Baptiste Colbert et Seignelay", in 'Annales de Bourgogne: revue historique', vol. 32, 1960, p. 229
Commentaire : Henry Waast-Barthélémy, en 1833, signale " une vue du château, faite par Van der Meulen, fameux peintre hollandais, mort à Paris en 1690… "1. Quand il arrive à Paris en 1662, cet artiste né à Bruxelles trente ans auparavant, apporte avec lui la tradition de vues cavalières qui remonte au XVIe siècle dans les Pays-Bas du Nord. Il y a, en France, un engouement pour ces villes et châteaux représentés de façon " aérienne " avec une précision de topographe. Au XVIIe siècle, on parlait de " vues à vol d'oiseau "2.
Nicodème Tessin le jeune, qui rend visite à Adam van der Meulen à Paris en 1687, rapporte que celui-ci " peint actuellement Brisac (sic) de même que Strasbourg. Pour montrer le plus agréablement possible les villes, il représente sur le devant de grands arbres, ce qui figure mieux " l'éloignement ". Il peint avec précision après avoir soigneusement dessiné les villes sur place, il les transpose avec minutie sur la toile…"3.
Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) l'amena sur ses terres de Seignelay pour lever un plan de son château. Henry Waast-Barthélémy indique : " ce tableau, qu'on pouvait placer à côté de ceux des grands maîtres, se trouva perdu, ou du moins égaré, après la mort des fils de Colbert. En 1783, on le vit exposé en vente sur les quais de Paris. Le duc de Montmorency en fut averti et l'acheta. (Ce tableau est aujourd'hui dans l'hôtel du duc de Montmorency, à Paris, il a environ quatre pieds de hauteur, sur autant de largeur. On y voit tout Seignelay peint au pied du château (p. 254) "4. La toile que nous présentons serait-elle l'original perdu de Van der Meulen ou une copie contemporaine ?
La motte féodale, haute d'une quarantaine de mètres, est le témoin d'une première construction qui dominait la ville. Seignelay fut, en effet l'une des places fortes qui protégea l'Auxerrois des incursions anglaises. La vue cavalière permet d'apprécier le système défensif : deux enceintes séparées par un fossé profond et une porte protégée par une herse et un pont-levis. Le château lui-même se compose de treize tours, douze rondes et une carrée, reliées par un chemin de ronde qui permet de surveiller les alentours dans un rayon de trente à quarante kilomètres.
Quand Colbert achète la seigneurie en 1657, il est encore attaché à Mazarin qui mourra à Vincennes en 1661. Il cherche à rendre la bastide habitable et consulte François Le Vau. Les tours sont couvertes de toits coniques et percées de fenêtres, une chapelle est adossée à l'enceinte et le château s'ouvre sur la campagne par une large allée d'accès bordée d'arbres. Colbert s'occupe lui-même des jardins, fait venir des arbres de Paris, ouvre une manufacture de soie. Au fil d'acquisitions successives, la seigneurie de Seignelay devient un domaine digne d'un prince que Louis XIV érige en marquisat et siège de baillage en avril 1668 mais Colbert n'y séjourna jamais et ne porta pas le titre de marquis de Seignelay, titre attaché à son fils. Ce dernier meurt en 1690. Il a cinq enfants, dont Charles-Léonor Colbert de Seignelay (1689-1747), comte de Seignelay, qui épouse, en secondes noces, Marie-Renée de Gontaut-Biron en 1726. Alliée par un mariage aux Montmorency en 1862, cette branche conservait au château de Courtalain dans les années 1960 un tableau décrit comme " d'après un tableau peint par Van der Meulen "5.
Notre toile est peut-être une reprise de cette composition de Van der Meulen, probablement par un peintre flamand, suiveur de Jan Brueghel dit de velours : les lointains bleutés, la précision des détails rappellent le peintre anversois. Plus connu pour ses formats miniatures, il a exceptionnellement réalisé ce type de paysages panoramiques de grande taille dans les deux vues du château de Mariemont (Dijon , musée des Beaux-Arts et Madrid, musée du Prado). Plus précisément, le style de notre tableau peut être rapproché de celui de Pieter Gijsels (1621-1690).
1. Henry Waast-Barthélémy, Mémoires historiques sur la ville de Seignelay, département de l'Yonne… : ornés d'une carte et de deux plans des anciens châteaux ; … (Avallon, 1833) -Château de Seignelay in " Annuaire historique du département de l'Yonne
- recueil de documents authentiques destinés à former la statistique départementale " 44e année- (Auxerre, 1880) pp. 74-76.
2. Par exemple chez Louis Licherie (vues du monastère de la Grande Chartreuse), Pierre-Denis Martin, Etienne Allegrain. Elles étaient obtenues à partir des plans et cartes au sol, en appliquant des projections suivant les règles mathématiques de la perspective axonométrique.
3.Dans la même vente, le lot 157, était la clef du château de Seignelay, ornée du monogramme d'Anne-Maurice de Montmorency (1729-1760), fille de Charles II Fréderic de Montmorency et de Marie-Sophie Colbert, marquise de Seignelay ce qui amène à penser que les deux lots avaient une même provenance Montmorency.
4. Roger-Armand Weigert, " Notes de Nicodème Tessin le jeune relatives à son séjour à Paris en 1687 " in 'Bulletin de la Société d'Histoire de l'Art Français', année 1932, fasc. 2, p. 256
5. Le château de Seignelay a été démoli en 1798.
Œuvre en rapport :
Vue du château et du village de Seignelay, lavis d'encre de Chine, 64 x 171 cm, Paris, BnF, collection Gaignières
Estimation 40 000 - 60 000 €
Sold 91,840 €
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