Enki BILAL Né 1951 BLEU SANG Acrylique sur toile. Signé et daté « 94 ». Présenté en 1994 lors de l'exposition « Bleu Sang » à la galerie Christian Desbois. Reproduite en page 32 du catalogue de cette exposition. Encadré. 98,5 x 79 cm. Alliance de peintures et de dessins au crayon sur calque inspirée par la romance entre Jill Bioskop et Alcide Nikopol, prolongement de La Femme Piège, Bleu Sang fut une remarquable expérimentation, un coup d'audace sans précédent pour montrer que la bande dessinée pouvait se libérer de son cadre coutumier, oublier un temps les cases à l'encre de Chine et prendre de l'ampleur, sans pour autant renier son héritage. Horus, le dieu faucon, s'est envolé. De retour sur les rives du Nil, dans son sanctuaire. Tête à tête avec le chat, divinité protectrice, figure bienveillante et sauvage. Hiératique et statufié, qui impose sa présence et ses certitudes. Noir, avec des reflets bleutés, révélateur des fissures. Dialogue imaginaire ou hallucination, nul doute que l'animal baudelairien a lu dans les pensées de Nikopol, qui finira peut-être par retrouver la mémoire. Le chat, seul maître en ces lieux, occupe la place centrale, et il nous rappelle que le pouvoir de séduction des apparences se marie très bien avec les ambivalences du désir : Nikopol se voit dans un miroir absolu. Bastet a vaincu Horus. L'œil inquiet du rhinocéros, point blanc et rouge perdu dans une volumineuse masse colorée, attire l'attention du spectateur et donne de la profondeur à l'ensemble, mais c'est aussi pour que nous nous attardions sur les regards échangés entre l'animal et l'homme, entre le dieu et le mortel. Nikopol hypnotisé, perdu dans ses rêves et hanté par la figure de Jill. Incapable de vivre et d'oublier. Vous, mon ange et ma passion. Une surface rouge, quelques touches de bleu éparses. Une meuble à la géométrie Art déco, emprunté au Savoy ou au Mauer Palast et entouré de brouillard. Couleur impressionnante mais nécessaire, attirante mais sans nuance, presque aussi obsédante que le bleu — le « bleu Bioskop » — qui met en relief la beauté troublante et les contradictions fatales de l'héroïne. La bouteille se substitue aux paradis artificiels. Ivresse ou vertige des sentiments, visions illuminées pour se délivrer du présent et transgresser les règles. Affaire de lignes et de couleurs, la peinture porte les traces du combat de l'artiste. Une présence double : celle de l'œuvre et du peintre, qui projette sa conception du monde. La couleur primordiale s'est accaparé le dessin, la mémoire et le sommeil, miroir reflétant une vérité neuve. À l'écoute des pulsations de l'histoire et de la tragédie. Comme une invocation. Par Horus, demeure ! Estimation 100 000 - 150 000 €
Sold 113,760 € * Results are displayed including buyer’s fees and taxes. They are generated automatically and can be modified.
Enki BILAL Né 1951 BLEU SANG Acrylique sur toile. Signé et daté « 94 ». Présenté en 1994 lors de l'exposition « Bleu Sang » à la galerie Christian Desbois. Reproduite en page 32 du catalogue de cette exposition. Encadré. 98,5 x 79 cm. Alliance de peintures et de dessins au crayon sur calque inspirée par la romance entre Jill Bioskop et Alcide Nikopol, prolongement de La Femme Piège, Bleu Sang fut une remarquable expérimentation, un coup d'audace sans précédent pour montrer que la bande dessinée pouvait se libérer de son cadre coutumier, oublier un temps les cases à l'encre de Chine et prendre de l'ampleur, sans pour autant renier son héritage. Horus, le dieu faucon, s'est envolé. De retour sur les rives du Nil, dans son sanctuaire. Tête à tête avec le chat, divinité protectrice, figure bienveillante et sauvage. Hiératique et statufié, qui impose sa présence et ses certitudes. Noir, avec des reflets bleutés, révélateur des fissures. Dialogue imaginaire ou hallucination, nul doute que l'animal baudelairien a lu dans les pensées de Nikopol, qui finira peut-être par retrouver la mémoire. Le chat, seul maître en ces lieux, occupe la place centrale, et il nous rappelle que le pouvoir de séduction des apparences se marie très bien avec les ambivalences du désir : Nikopol se voit dans un miroir absolu. Bastet a vaincu Horus. L'œil inquiet du rhinocéros, point blanc et rouge perdu dans une volumineuse masse colorée, attire l'attention du spectateur et donne de la profondeur à l'ensemble, mais c'est aussi pour que nous nous attardions sur les regards échangés entre l'animal et l'homme, entre le dieu et le mortel. Nikopol hypnotisé, perdu dans ses rêves et hanté par la figure de Jill. Incapable de vivre et d'oublier. Vous, mon ange et ma passion. Une surface rouge, quelques touches de bleu éparses. Une meuble à la géométrie Art déco, emprunté au Savoy ou au Mauer Palast et entouré de brouillard. Couleur impressionnante mais nécessaire, attirante mais sans nuance, presque aussi obsédante que le bleu — le « bleu Bioskop » — qui met en relief la beauté troublante et les contradictions fatales de l'héroïne. La bouteille se substitue aux paradis artificiels. Ivresse ou vertige des sentiments, visions illuminées pour se délivrer du présent et transgresser les règles. Affaire de lignes et de couleurs, la peinture porte les traces du combat de l'artiste. Une présence double : celle de l'œuvre et du peintre, qui projette sa conception du monde. La couleur primordiale s'est accaparé le dessin, la mémoire et le sommeil, miroir reflétant une vérité neuve. À l'écoute des pulsations de l'histoire et de la tragédie. Comme une invocation. Par Horus, demeure ! Estimation 100 000 - 150 000 €
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