Georges MOREAU de TOURS Ivry-sur-Seine, 1848 - Bois-le-Roi, 1901
"Une extatique au XVIIIe siècle : épreuve du crucifiement"
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Georges MOREAU de TOURS Ivry-sur-Seine, 1848 - Bois-le-Roi, 1901
"Une extatique au XVIIIe siècle : épreuve du crucifiement"
Huile sur toile (Toile d'origine)
Signée et datée 'MOREAU DE TOURS / 1879' en bas à droite
Toile de la maison Hardy-Alan
(Importants réseaux de craquelures ouvertes vraisemblablement dues au contact d'une forte chaleur)
Sans cadre
An ecstatic in the 18th century: ordeal of the crucifixion, oil on canvas, signed and dated, by G. Moreau de Tours
h: 200 w: 269 cm
Provenance : Succession Moreau de Tours, son cachet au verso ;
Akiba Galleries, Dania Beach, Floride ;
Collection particulière, Hong Kong
Expositions : Salon de 1879, Paris, n° 2183
Exposition de la Société des Amis des Arts de Tours, 1881
Exposition internationale de Nice, 1884
Bibliographie : F.-G. Dumas, 'Salon de 1879. Catalogue illustré', Paris, 1879, p. 110, n° 2183
Cl. Suty, "Feuilleton. Promenades au Salon", in 'L'Union médicale. Journal des intérêts scientifiques et pratiques moraux et professionnels du corps médical', tome XXVIII, Paris, 1879, p. 1-2
E. F. S. Pattison,"The Salon of 1879", in 'The Academy', 31 mai 1879, p. 484
'The Athenaeum', n° 2694, 14 juin 1879, p. 767
'Le Devoir. Journal des réformes sociales', 20 juillet 1879, p. 715, n° 45
"The Paris Salon of 1879" in 'The Art Journal for 1879', New York, 1879, p. 250
Eugène Montrosier, 'Les artistes modernes: Les peintres d'histoire, paysagistes, tome troisième, Paris, 1882 p. 38
Joris-Karl Huysmans, 'L'art moderne', 1883, p. 12
Louis Enault, 'Paris-salon', Paris, 1883, p. 73-75, repr. p. 75
Léon Palustre, "Concours régionaux. Exposition de Tours", in 'Gazette des Beaux-Arts', Paris, 1881, p. 183
Jürgen Zänker, 'Crucifixae: Frauen am Kreuz', Berlin, 1998, p. 73
Emmanuelle Amiot-Saulnier, 'La peinture religieuse en France, 1873-1879', Paris, 2007, p. 260
F. d'Ustrac, 'Nice-exposition', Paris, 2016, n. p.
Commentaire : Lot en importation temporaire
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Fils du célèbre aliéniste Jacques-Joseph Moreau, Georges Moreau de Tours se rêve en peintre. Après avoir achevé ses études de droit pour satisfaire quelques ambitions paternelles, il embrasse pleinement sa carrière artistique au tournant des années 1870, après la défaite de Sedan. La jeune Troisième République s'avère alors être un commanditaire insatiable et nombre de jeunes artistes académiques trouvent leur compte dans cette boulimie artistique étatique, celle d'un nouveau régime qui cherche à se construire une image et par elle, sa légitimité.
Georges Moreau de Tours se révéla être un talent particulièrement précoce. Il n'a que 16 ans lorsqu'il expose pour la première fois au Salon de 1864. Rejoignant l'Ecole nationale des Beaux-arts en 1870, c'est le réputé Alexandre Cabanel qui va l'instruire et le former à l'aune de l'académisme. Exposant régulièrement au Salon, notre artiste confirme les promesses de sa jeunesse, témoignant parfois d'une touche vive, presque impressionniste, d'une modernité dans ses compositions, et même d'une certaine audace dans le choix de ses sujets, naviguant entre peinture d'histoire et " Morphinées ".
Notre toile entre dans la catégorie des œuvres 'transgressives' chez notre artiste, propres à marquer les esprits au Salon et à susciter commentaires excessifs et réactions en tout genre. Notre tableau, comme 'Les Morphinés'1 après lui, trouve cependant à son origine une démarche scientifique à laquelle notre artiste était particulièrement attaché. Son père fut un pionnier des recherches psychiques et psychologiques dans le monde, reprises à sa suite par Jean-Martin Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière, sur l'hypnose et l'hystérie, qui conduisirent à la théorie du traumatisme psychique, plaçant la France à l'avant-garde dans le domaine et influençant Sigmund Freud, l'un de ses élèves. Marqué par ces sujets, Georges les explora dans plusieurs de ses œuvres, et notamment le tableau que nous présentons. Reprenant la recette de la célébrissime 'Leçon d'anatomie du docteur Tulp' de Rembrandt, Moreau de Tours nous propose la vision d'une jeune femme sujette à l'extase, qui supporte son crucifiement sans souffrir, le regard vide, se désintéressant du monde qui l'entoure et qui la scrute. Ce faisant, l'artiste nous plonge dans un XVIIIe siècle encore totalement ignorant de ces questions psychiques, cherchant ainsi à dénoncer les nombreuses aberrations passées dans le traitement de ces maladies alors nouvellement étudiées.
1. Vendu dans nos salles : Vente anonyme ; Paris, Artcurial, 21 mars 2018, n°191 (vendu 529.800€)
Estimation 35 000 - 45 000 €
Sold 43,296 €
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