Thomas COUTURE Senlis, 1815 - Villiers, 1879
Damoclès assis (recto et verso)
Sold 19,500
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Thomas COUTURE Senlis, 1815 - Villiers, 1879
Damoclès assis (recto et verso)
Crayon noir et craie blanche sur papier bleu
Damocles seated (front and back), black and white chalk on blue paper, by Th. Couture
h: 32 w: 24,50 cm
Provenance : Galerie de La Scala, Paris, dans les années 2000 ;
Collection particulière, Paris
Commentaire : " Notre dessin est une étude, probablement dans les premières pensées, pour l'une des œuvres les plus énigmatiques de Thomas Couture, 'Damoclès'1 (fig. 1).
Dès le premier regard, ce Damoclès interroge, il est vraisemblablement le seul de toute l'histoire de l'art à ne pas avoir une épée suspendue par un fil au-dessus de la tête !
Le tableau est daté de 1866, mais comme souvent dans les travaux de Couture, il a été entrepris au moins cinq ans auparavant, à une époque où l'artiste quitte Paris et la scène officielle pour se retirer dans sa ville d'origine de Senlis.
Plusieurs dessins préparatoires sont connus. L'un, très abouti, appartenant à la collection Prat, est daté de 1863. Le nôtre, dans un style plus nerveux, resserre la composition sur le personnage, le plaçant accoudé sur un fauteuil antiquisant et non une banquette. La torsion de son corps diffère et la lyre, symbole du poète, se trouve à ses pieds et non à ses côtés sur le sofa, mais déjà le visage mélancolique et l'attitude d'abattement, ainsi que les chaînes, symbole de la soumission, qui caractérisent la toile finale sont présents.
" Correspondant à une période de rupture, 'Damoclès' s'inscrit dans un " triptyque " allégorique et militant avec 'La Noblesse' et 'Le Roi de l'époque'²" symptomatique du sentiment de désillusion qui a envahi Couture. 'Damoclès' représente un artiste abattu et mélancolique comme l'est Couture au moment de sa conception. Earl Shinn Strahan dans 'The Art Treasures of America' écrit ainsi : " Cette allégorie fut inspirée au peintre après que ses espoirs dans le Second Empire qu'il avait d'abord célébré aient été déçus. Ici, sous une apparence classique, il exprime l'esclavage dans lequel était tombé l'art sous Napoléon III 3". C'est à ce stade que se fait le lien avec le Damoclès antique. La lyre posée à sa gauche personnalise l'artiste, mais les chaînes qui l'entravent montrent sa soumission au pouvoir, impérial en l'occurrence, en faisant un esclave devant flatter son maître comme le personnage mythologique avec son souverain, Denys de Syracuse.
Couture envoie son tableau au Salon de 1872, le premier organisé par la jeune IIIe République. Il imagine que sa critique acerbe et directe du régime précédent sera appréciée mais se trompe. La réception en est plus que mitigée. Son 'Damoclès' s'inscrit dans la tradition classique des 'Romains de la décadence'4, dont il reprend la tonalité chromatique, et se veut un " anti-réaliste ", courant que cet artiste combat, comme le montre son tableau du 'Réaliste'5, mais qui triomphe déjà depuis quelques temps et a ouvert la voie à une nouvelle modernité, virage que n'a pas su ou pas voulu prendre Couture. "
Thierry Cazaux, 2 mai 2021
1. Caen, musée des Beaux-Arts.
2. B. Pradié Ottinger, 'Damoclès', L'œuvre en question-6, Caen, musée des Beaux-Arts, 2009, p. 3.
3. E. Strahan, 'The Art Treasures of America', 1879, vol I.
4. Paris, musée d'Orsay.
5. Amsterdam, Van Gogh Museum.
Estimation 7 000 - 10 000 €
Sold 19,500 €
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