Adam-François van der MEULEN et atelier Bruxelles, 1632 - Paris, 1690
Louis XIV et la reine Marie-Thérèse devant une ville du Nord, probablement Douai
Estimation 15 000 - 20 000 € [$]
Adam-François van der MEULEN et atelier Bruxelles, 1632 - Paris, 1690
Louis XIV et la reine Marie-Thérèse devant une ville du Nord, probablement Douai
Crayon noir
Deux feuilles de papier assemblées
L'une des feuilles filigranée 'IHS' et l'autre filigranée avec 'B, coeur, C' en cartouche
(Rousseurs)
Louis XIV and the Queen Maria Theresa in front of a city of Northern Europe, black pencil, by A. F. van der Meulen and workshop
Hauteur : 37 Largeur : 63,50 cm
Provenance : Acquis dans les années 1980 par l'actuel propriétaire ;
Collection particulière, Paris
Commentaire : Aîné d'une famille de quatre enfants, Adam-François van der Meulen débute son apprentissage en 1646 chez Peter Snayers, peintre de batailles à la cour de Bruxelles. Il épouse très vite ce genre en plein essor depuis la guerre de Trente Ans. Son nom sera, dès 1664, irrémédiablement lié à la gloire des armées de Louis XIV. Dès son accession au trône en 1661, le jeune roi fait des recommandations claires aux membres de l'Académie : " Je vous confie la chose au monde qui m'est la plus précieuse qui est ma gloire ". Dès lors, il incombe à Le Brun de mettre l'ensemble des arts libéraux au service de la monarchie. Le premier peintre du roi commence alors, conformément aux directives de Colbert, à attirer au service du roi de France les artistes les plus habiles. Ses recherches dépassent les frontières et van der Meulen retient très tôt son attention. Ce dernier reçoit une lettre de la main de Le Brun le priant de rejoindre Paris pour entrer au service du roi moyennant une pension annuelle de 2 000 livres. Dès son arrivée, van der Meulen est invité à participer aux campagnes menées par Louis XIV dans les Flandres. Son travail consiste à proposer des œuvres représentant la magnificence du roi devant les places fortes qui viennent d'être conquises.
Cet impressionnant dessin, traditionnellement identifié comme une vue d'Arras nous semble plus vraisemblablement une vue de Douai. Les multiples destructions et modifications des places-fortes des Flandres au cours des XVIIe et XVIIIe siècles rendent difficiles leur identification dans des dessins ou tableaux.
L'entrée solennelle du roi et de la famille royale à Douai est l'un des moments forts de la guerre de Dévolution (1667-1668), première des grandes guerres du jeune souverain. Comme son nom l'indique, cette guerre a pour cause les prétentions respectives de Louis XIV et de l'empereur Léopold Ier concernant la dévolution successorale de leur beau-père commun, le roi d'Espagne Philippe IV. Une campagne d'été est lancée par le roi de France vers les Pays-Bas espagnols en mai 1667 : Charleroi, Ath, Tournai et enfin Douai le 7 juillet tombent en un mois.
Merveilleusement entouré par les grands artistes que sont Charles Le Brun et Adam Frans van der Meulen, le roi décide d'un programme iconographique célébrant cette campagne militaire et retient pour cela le support de la tapisserie. Parmi les nombreux sujets choisis pour la tenture de 'l'Histoire du Roy', cinq se rapportent à des événements de la guerre de Dévolution. Après le siège de Tournai, le second épisode représenté est celui du siège de Douai qui eut lieu le 4 juillet 1667. Dans son 'Mémoire', Van der Meulen cite l'esquisse qui nous concerne : " Plus l'entrée de la Reine devant la porte de Douay, pour le même sujet ", c'est-à-dire pour la tapisserie1. Il y eut donc deux sujets retenus pour Douai : la prise de la ville mais aussi l'entrée solennelle du 23 août.
L'entrée de la famille royale a lieu à la fin de l'été et non directement après la prise de la ville. Fin stratège, Louis XIV souhaitait recueillir les fruits d'une attention particulière accordée aux villes nouvellement prises en leur faisant l'honneur d'entrées solennelles murement réfléchies. La scène représentée sur notre tableau est un événement hautement politique de la part du jeune souverain qui, pour revendiquer des provinces espagnoles, y organise un honneur offert à cette ville, en la personne de la reine de France Marie-Thérèse d'Espagne, fille de leur ancien maître Philippe IV !
1. J. Guiffrey, " Van der Meulen. Mémoire de ses travaux pour le roi depuis le 1er avril 1664 " et " Inventaire des tableaux et dessins trouvés chez lui, aux Gobelins, le 6 mars 1691 ", Nouvelles archives de l'Art français, 1879, I, p. 122.
Estimation 15 000 - 20 000 €