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Antoine WATTEAU Valenciennes, 1684 - Nogent, 1721
La revanche des paysans Huile sur panneau de noyer, une planche, entoilé
Trace de cachet à la cire rouge et une ancienne étiquette annotée 'The Country Peoples Revenge / an original by Watteau' au verso
The Country Peoples' Revenge, oil on panel, by A. Watteau
On y joint la gravure par Bernard Baron d'après cette composition (36 x 41 cm).
Hauteur : 32,50 Largeur : 39,50 cm
Provenance : Collection F. Levin, Londres ;
Acquis après de ce dernier le 11 juin 1946 par Wildenstein, Londres ;
Collection de Mr. et Mrs. A. Rofe, Londres, jusqu'en 1966
Expositions : 'Important Paintings of the French XVIIIth Century', Londres, Wildenstein, 21 mars - 28 avril 1956, n° 13
'France in the Eighteenth Century', Londres, Royal Academy of Arts, 6 janvier -3 mars 1968, n° 721 (cat. par D. Sutton, avec une provenance erronée), repr. fig. 54, une étiquette au verso
Bibliographie : Pierre Hédouin, "Watteau : catalogue de son œuvre," in 'L'Artiste', 4e série, n° 5, 1846, p. 80, n° 128
Edmond de Goncourt, 'Catalogue raisonné de l'œuvre peint, dessiné et gravé d'Antoine Watteau', Paris, 1875, p. 60-61, n° 61
Claude Phillips, 'Antoine Watteau', Londres, 1895, p. 28, note 1
Louis de Fourcaud, "L'existence de Watteau", in 'La Revue de l'art ancien et moderne', X, juillet-décembre 1901, p. 163
Virgile Josz, 'Watteau. Mœurs du XVIIIe siècle', Paris, 1903, p. 128-129 et p. 427
Virgile Josz, 'Watteau', Paris, 1904, p. 55 et p. 191
Émile Dacier, Jacques Hérold et Albert Vuaflart, 'Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau', t. III, Paris, 1922, p. 122, mentionné dans la notice du n° 291. et t. IV, 1921, pl. 291 (la gravure de Baron)
Gabriel Séailles, 'Watteau', Paris, 1927, p. 60-61
Florence Ingersoll-Smouse, 'Pater', Paris, 1928, p. 13
Louis Réau, "Watteau" in L. Dimier (dir.), 'Les peintres français du XVIIIe siècle', Paris et Bruxelles, 1928, t. I, p. 33, n° 47
Marcel Roux, 'Inventaire du fonds français : graveurs du dix-huitième siècle', t. II, Paris, 1933, p. 64-65, n° 43
Hélène Adhémar, 'Watteau, sa vie et son œuvre', Paris, 1950, p. 238, n° 279 (comme Jérôme François Chantereau ou un autre "disciple" de Watteau)
"Vernis", "International Studio… Some Discoveries", in 'The Connoisseur', CXXXVII, n° 554, juin 1956, p. 273, repr.
Karl T. Parker et Jacques Mathey, 'Antoine Watteau : catalogue complet de son œuvre dessiné', Paris, 1957, I, p. 46, mentionné dans la notice du n° 326
Jacques Mathey, "The early compositions of Antoine Watteau in the style of the Dutch and Flemish painters", in 'The Art Quarterly', XX, 1957, p. 248-253, repr. p. 250, fig. 7
Marcel Aubert et Pierre Lelièvre, 'Répertoire d'art et d'archéologie', LXI, 1957, p. 357
Jacques Mathey, 'Antoine Watteau, peintures réapparues, inconnues ou négligées par les historiens', Paris, 1959, p. 24-25, fig. 10, p. 67, p. 73, n° 11
Jean Cailleux, "Four Studies of Soldiers by Watteau: An Essay on the Chronology of Military Subjects", in 'The Burlington Magazine', septembre-octobre 1959, supplément non-paginé
Giovanni Macchia et Ettore C. Montagni, 'L'opera completa di Watteau', Milan, 1968, et Pierre Rosenberg et Ettore Camesasca, 'Tout l'œuvre peint de Watteau', Paris, 1970, p. 127, n° 5°-E (repr. par la gravure de Baron)
Jean Ferré et al., 'Watteau', Madrid, 1972, I, p. 87; également cité dans la section non paginée "l'Histoire" sous "1748;" et IV, p. 1110 et 1118
Barbara Scott, "Charles Alexandre de Calonne : Economist and Collector", in 'Apollo', janvier 1973, p. 88, repr. p. 89
Pierre Rosenberg et Louis-Antoine Prat, 'Antoine Watteau, 1684-1721 : catalogue raisonné des dessins', Milan, 1996, t. III, p. 1212, mentionné dans la notice du n° R 230 et p. 1326, mentionné dans la notice du n° R 667 (comme plus considéré comme de Watteau)
Martin Eidelberg, "A Watteau Abecedario", online
http://www.watteau-abecedario.org/Country_Peoples_Revenge.htm.
Commentaire : En 1748 à Londres, le graveur Bernard Baron publie deux estampes aux sujets militaires, légendées en anglais et en français, " La revanche des paysans " (fig. II/II) et " Pillement (sic) d'un village par l'ennemi " (fig. 1), et portant l'indication " Gravé d'après le tableau original peint par Watteau de la même grandeur ". Cette information a surpris plus d'un amateur du peintre de Cythère, déroutés sans doute par une iconographie inhabituelle chez un artiste dont même les scènes peuplées de soldats comportent une dimension nostalgique et paisible, éloignée des éclats héroïques et des scènes de violence guerrière. Le graveur Bernard Baron n'avait cependant pu se tromper, lui qui avait côtoyé Watteau pendant le séjour de celui-ci en Angleterre (1719-1720), possédait certaines de ses œuvres dans sa propre collection et en avait gravé bien d'autres. Quelle place donner alors à ces deux compositions dans l'œuvre d'Antoine Watteau ?
Si le Pillement d'un village n'est encore aujourd'hui connu que par la gravure, La Revanche des paysans est réapparue lors d'une exposition à Londres en 1956 et nous avons la chance de pouvoir aujourd'hui la contempler. Le sujet renvoie peut-être à un épisode historique, il est en tout cas aisément identifiable : dans un village de campagne traversé par une rivière, les habitants sont entrés en révolte contre le seigneur local et ses soldats. Brandissant fourches et fléaux, ils menacent l'autorité en place, représentée notamment par un gentilhomme au premier plan, coiffé d'une perruque et richement vêtu, monté sur un cheval blanc qui se cabre, son visage se découpant sur un drapeau.
Les fêtes galantes et L'Enseigne de Gersaint ne doivent pas nous faire oublier que Watteau, originaire de Valenciennes, consacra une partie du début de sa carrière à la peinture militaire, illustrant notamment des campements et le quotidien de la vie des troupes. A l'instar de notre tableau et de son pendant, ces scènes ont souvent été réunies en paires, par Watteau lui-même ou par leurs propriétaires, citons notamment le cas du " Camp volant " et du " Retour de campagne ", ou des " Fatigues de la guerre " et des " Délassements de la guerre "1. Un tableau comme le " Défilé "2 ne cache par ailleurs rien de la dette de Watteau dans ce domaine envers les peintres de bataille comme van der Meulen ou Jean-Baptiste Martin, ainsi qu'envers les artistes des Ecoles du Nord, comme ce sera le cas pour La Revanche des paysans et le Pillement d'un village.
En effet, Karl T. Parker le premier a démontré que Watteau s'était ici librement inspiré de deux compositions du peintre anversois Jan Baptist van der Meiren, dont des exemples sont aujourd'hui conservés à la Galleria nazionale d'arte antica de Rome (fig. 2)3. Il semble peu vraisemblable que Watteau ait eu sous les yeux ces deux exacts panneaux qui étaient à Rome dès le début du XVIIIe siècle, mais nous savons que le peintre, au début de sa carrière parisienne, s'exerça en copiant de nombreux tableaux nordiques alors très appréciés des amateurs et demandés par les marchands d'art.
La comparaison entre le tableau de van der Meiren et celui de Watteau montre que le Français s'est autorisé une certaine liberté d'interprétation et des variantes apparaissent dans un certain nombre de figures. La délicatesse de la touche et l'intelligence du coloris, faisant surgir d'un arrière-plan harmonieux des touches de jaune cuivré, de rouge et la délicate voile rosée du drapeau du premier plan, annoncent déjà la poésie si particulière qui caractérisera l'œuvre de cet artiste.
1. Voir cat. exp. 'Watteau 1684-1721', Paris, 1984, p. 254-256, n° 6 et p. 280-282, n° 15 et 16.
2. York, City Art Gallery, 'ibid.', p. 250-252, n° 4.
3. J. Mathey, 'Antoine Watteau, peintures réapparues, inconnues ou négligées par les historiens', Paris, 1959.
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