ARMOIRE D'ÉPOQUE LOUIS XV Estampille de Jean-François Leleu
Vendu 170 560
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ARMOIRE D'ÉPOQUE LOUIS XV Estampille de Jean-François Leleu
En placage d'amarante et satiné, ornementation de bronze ciselé et doré, la façade ornés de panneaux en laque de Chine du XVIIIe siècle incrustés de nacre, d'os et pierre de lard à décor de guerriers dans un paysage arboré ouvrant par deux portes, reposant sur une plinthe à découpe ajourée, estampillée J.F.LELEU sous la plinthe
H. : 151 cm (59 1/2 in.)
l. : 134,5 cm (53 in.)
P. : 37,5 cm (14 3/4 in.)
Jean-François Leleu, reçu maître en 1764
Provenance :
Ancienne collection du Comte d'Armaillé.
Vente à Paris, les 5-6 juin 1890, lot 157 (11 100 Fr).
Acquise par Géraud, selon une inscription manuscrite dans le catalogue de la collection d'Armaillé conservé à la BNF.
Acquise par Pierre Jourdan-Barry entre 1997 et 1999.
Puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel.
Bibliographie:
T. Wolversperges, " Le Meuble Français en Laque au XVIIIe siècle ", les Editions de l'Amateur, Paris, 2000, p.2, fig. 1 (reproduit).
Bibliographie comparative :
T.A. Strange, "French Interiors, Furniture, Decoration, Woodwork & Allied Arts", Bonanza Books, New York, p. 161.
A Louis XV ormolu-mounted, amaranth, satinwood and Chinese lacquer armoire, stamped by Jean-François Leleu
* Veuillez noter que cette armoire est incrustée d'os, en plus de nacre et pierre de lard, contrairement à l'indication au catalogue.
* Please note that this armoire is inlaid with bone, in addition to mother-of-pearl and stone, contrary to the catalogue description.
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Cette élégante armoire provient de la collection du comte d'Armaillé (1823-1882) (1) (fig. 1), ami proche de Sir Richard Wallace (1818-1890) qui aurait pu la lui céder. Elle est mentionnée comme cabinet Louis XIV chez ce dernier par T.A.Strange (2) (fig 2). Son intérieur étant aménagé de multiples tablettes il pourrait s'agir à l'origine d'un médaillier.
Son décor foisonnant de laque de Chine à incrustations de stéatite et nacre témoigne de l'immense attrait qu'exerça l'Extrême Orient sur les contemporains dès l'époque Louis XIV et continu tout au long du XVIIIe siècle.
Ces éléments rappellent l'exemple des médailliers de forme Louis XIV ayant appartenu à Joseph Pellerin (1684-1782), l'un orné de panneaux de laque de Coromandel, l'autre de marqueterie Boulle et de panneaux de laque appliqués de pierres de lard. Après une brillante carrière qui l'amena au poste de principal administrateur du Ministère de la Marine sous Louis XV, Pellerin consacra la fin de sa vie à sa collection de monnaies et médailles.
Après de longues années de pourparlers il finit par céder en 1776 sa considérable collection au Roi mais tint à conserver ses médailliers jusqu'à sa mort en 1782.
Cet attachement reflète sans doute l'importance que tint l'Extrême Orient au cours de sa vie, non seulement par ses activités mais aussi par ses relations. Homme des Lumières, il évolua notamment dans l'entourage de Jean-Frédéric Phélipeaux, Comte de Maurepas (1701-1781), secrétaire d'Etat à la Marine, ami de Montesquieu (1689-1755) ou du comte de Caylus (1692-1765), lui-même proche du célèbre marchand-mercier Guersaint (1694-1750), soit un cercle où se jouent les affaires de commerce maritime, dans lesquelles la Chine joue un rôle considérable (3).
La forme générale de notre armoire la rattache au milieu du XVIIIe siècle tandis qu'elle porte l'estampille de Jean-François Leleu, reçu maître en 1764.
Sa marque, discrètement disposée sous la plinthe du meuble pourrait
laisser supposer que l'ébéniste travailla à la demande d'un marchand-mercier ou qu'il intervint en tant que restaurateur.
Jean-François Leleu
Les meubles ornés de laque sont rares dans l'œuvre de Jean-François Leleu, qui privilégia les décors de marqueterie géométrique ou les placages unis s'inscrivant pleinement dans le courant néoclassique. Cependant, nous pouvons citer deux exemples?:
- Une commode d'époque Transition estampillée à décor de laque de Chine, vendue chez Sotheby's à Paris, collection Djahanguir Riahi, le 6 juillet 2017, le lot 116.
- Une commode incorporant un cabinet de laque du Japon, vente à Monte Carlo, Ader Picard Tajan, le 17 mars 1988, lot 81, dite provenir du Marquis de Laborde au château de Méréville pour lequel Leleu livra du mobilier.
D'autres ébénistes s'inscrivant dans le goût néoclassique ont créé des meubles ornés de panneaux de laque tels que Peridiez (4) ou Claude Charles Saunier (5).
Le comte d'Armaillé
Le comte Louis Albert de la Forest d'Armaillé (1823-1882) est une des grandes figures du monde de la curiosité dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il rassembla une des plus intéressantes collections de meubles et d'objets d'art du XIXe siècle, partageant sa passion avec Richard Wallace dont il était un intime. D'origine angevine, il était au départ plutôt fait, aux dires de sa famille, pour une vie d'hobereau campagnard. Vocation contrariée lorsqu'il épousa la fille du général de Ségur, qui refusa net de vivre à la campagne. Le couple s'installa dans le grand hôtel des Ségur, 58 rue de la Boétie, où Armaillé, pour occuper son temps, s'intéressa aux arts.
Avec un sens artistique très sûr et reconnu (il fut nommé membre du conseil supérieur des Beaux-Arts), il se mit à collectionner activement, achetant et revendant constamment, s'entourant d'artistes, d'artisans et amateurs d'art.
Sa petite fille, la comtesse de Pange, évoque bien dans ses souvenirs (6) ce milieu de grands collectionneurs des années 1850-1890 : " Proust a décrit dans Du côté de chez Swann le milieu qu'on appelait alors "la curiosité" et Swann lui-même : M. Haas fut lié avec Louis d'Armaillé. De ses fréquents séjours en Angleterre devait naître une grande intimité avec sir Richard Wallace. J'ai conservé de très intéressantes lettres datées de Sudbourne chez les Wallace, où il décrit la somptueuse vie de château de l'époque victorienne, les séjours du prince de Galles, les chasses, les chevaux et les mille manières de perdre son temps. Louis d'Armaillé fut l'ami de Paul Dubois, de Falguière, de Bonnat, de Rosa Bonheur. L'intimité avec Richard Wallace lui valait l'estime des conservateurs de musée et tous les antiquaires se vantaient d'alimenter la collection dont j'ai tant entendu parler dans mon enfance. Ce goût des vieux meubles, de la brocante, de la "curiosité" poussé à l'extrême a été l'attitude de refus d'une élite décidée à nier désormais toute puissance créatrice ".
(1) Vente à Paris, ancienne collection du comte d'Armaillé, les 5-6 juin 1890, lot 157.
(2) T.A.Strange, "French interiors, furniture decoration, woodwork and allied arts", Bonaza Books,
New York, 1968, pp 161-164.
(3) " Traffic d'influences, Meubles de laque et goût extrême oriental au XVIIe et XVIIIe siècles ", Bibliothèque Nationale, Paris, 1989.
(4) Paire d'armoires, vente à Paris, Me Bellier, collection Francis Guérault, les 21-22 mars 1935.
(5) Paire de bibliothèques, Vente Sotheby's New York, collection privée du Connecticut, le 19 avril 2021, lot 73.
(6) Pauline de Pange, " Comment j'ai vu 1900 ", Grasset, 1968, p. 19.
Estimation 50 000 - 60 000 €
Vendu 170 560 €
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