COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XV Attribuée à Mathieu Criaerd
Vendu 34 112
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COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XV Attribuée à Mathieu Criaerd
En vernis européen à décor or de paysage lacustre chinois sur fond noir, ornementation de bronze ciselé et doré en partie rapportée, dessus de marbre brèche d'Alep restauré, la façade ouvrant par deux tiroirs, les pieds cambrés agrémentés de sabots en bronze, portant une estampille apocryphe B.V.R.B et J.M.E sur le montant arrière droite
H. : 85,5 cm (33 2/3 in.)
l. : 123,5 cm (48 2/3 in.)
P. : 61 cm (24 in.)
Provenance :
Antiquités Masi, Beaulieu sur Mer, en 1975 ;
Ancienne collection Princesse Ismene Chigi della Rovere (1927-2023) ;
Sa Vente, Christie's Londres, le 4 février 2015, lot 50 ;
Galerie Jean Berger, Beaune ;
Acquise auprès de cette derniere par l'actuel propriétaire ;
Collection privée européenne.
A Louis XV gilt-bronze mounted and japanned commode, attributed to Mathieu Criaerd, bearing a spurious stamp by Bernard Van Risen-Burgh
Cette commode présente un beau décor en vernis européen imitant un paysage lacustre chinois animé de personnages ; ceci est mis en valeur par de riches ornements en bronze doré finement déchiquetées et assemblés formant une courbe et une contrecourbe et se rejoignent pour dessiner en façade un large cartouche qui forme le cadre du principal paysage.
La forme de notre commode comme la richesse et la disposition des ornements en bronze rappellent un groupe de commodes en laque estampillées par B.V.R.B : la commode en laque du Japon livrée en 1737 par le marchand-Mercier Thomas-Joachim Hébert (1687-1773) pour l'arrière-cabinet de la reine Marie Leszczynska au château de Fontainebleau (Musée du Louvre, inv. OA 1193), la commode à deux vantaux en laque du Japon et vernis Martin conservée au J. Paul Getty Museum (inv. 65.DA.4) ou encore celle en laque de Coromandel et bronze doré des années 1740-1745 conservée au Metropolitan Museum (inv. 1974.356.189).
Cependant, la composition ornementale du cartouche en bronze de la façade nous encourage davantage à attribuer la commode à Mathieu Criaerd, maître en 1738. Le dessin en M fortement renflé du cartouche de bronze qui se développe jusque sur le tablier, ainsi que les coquilles étirées en accolade ou en C très découpées, associées à un élément plus naturaliste qui sert de poignée de tirage (feuilles ou branchages fleuris) se rencontrent sur la célèbre commode en vernis Martin et bronze argenté provenant de la chambre de madame de Mailly au château de Choisy (Musée du Louvre, inv. OA 11192), sur une commode en vernis Martin provenant de l'ancienne collection Maurice Ségoura (1) (fig. 1), sur une rare paire de commodes des années 1745-1750 en laque de Chine de l'ancienne collection Jacques Perrin (2) (fig. 2), ou encore sur une belle commode en vernis Martin vendue chez Sotheby's, Monaco, le 21 février 1988 (3) (fig. 3).
Deux commodes vendues chez Christie's à Londres, la première le 9 décembre 2004 (lot n°200) et la seconde le 7 juillet 2022 (lot n°20) peuvent également être mises en comparaison.
La difficulté d'attribuer le meuble à un ébéniste précis tendrait à confirmer que la commode serait le résultat d'une commande d'un marchand-mercier, comme le parisien Thomas-Joachim Hébert qui, dans les années 1735-1745, s'était spécialisé dans la vente de meubles plaqués de laque extrême orientale ou en vernis Martin imitant les laques Japonais ou Chinois. Pour satisfaire sa riche clientèle, notamment royale, amateur de ces ouvrages d'un luxe extrême, Hébert en imaginait la composition générale avant d'en confier l'exécution à des ébénistes parisiens dont Bernard Van Riesen Burgh et Mathieu Criaerd (4).
Par sa position d'intermédiaire, le marchand-mercier encourageait donc une production d'une typologie de meubles qui, d'un atelier à l'autre, offrait de nombreuses similitudes dans la forme générale, le décor et les bronzes dorés, rendant ainsi, en l'absence d'estampille, l'attribution difficile.
Une provenance aristocratique : Ismene Chigi della Rovere (1927-2023)
Cette élégante commode fit partie des collections de la princesse Ismene Chigi della Rovere (1927-2023) ; la princesse, née comtesse Larussa Marzotto fut l'une des figures emblématiques de la "Dolce Vita" italienne des années 60.
Mariée au prince Mario Chigi Albani, héritier de l'une des plus anciennes familles de la noblesse romaine, elle entretiendra des liens d'amitié avec des personnalités telles Christina Onassis, Elizabeth Taylor et Richard Burton, le Prince et la Princesse Rainier III de Monaco.
Dans son palais romain elle recréa une ambiance élégante et éclectique, mêlant d'importantes pièces de mobilier français, telle la commode que nous présentons, avec des pièces d'art contemporain.
1. Reproduit dans T. Wolvesperges, "Le meuble français en laque au XVIIIe siècle", Paris, Les éditions de l'amateur, 2000, p. 25, fig. n° 8.
2. Ibid., p. 44, fig. 26.
3. Ibid, p. 308, fig. 166. Une commode d'un même modèle estampillée Criaerd fut également vendue chez Sotheby's Monaco le 22 juin 1987 (lot n° 544) reproduite dans A. Pradère, "Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution", Paris, Éditions du Chêne, 1989, p. 220, fig. 221.
4. A. Pradère, "Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution", Paris, Éditions du Chêne, 1989, p. 223.
* Information aux acheteurs :
Lot en provenance hors CEE : aux commissions et taxes indiquées aux conditions générales d'achat, il convient d'ajouter la TVA à l'import (5,5% du prix d'adjudication).
* Information to buyers :
Lot from outside the EEC : an import tax (5,5 % of the hammer price) will be due, in addition to the commissions and taxes indicated in the general conditions of purchase.
Estimation 30 000 - 50 000 €
Vendu 34 112 €
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