Vente Un appartement sur la Seine - 25 novembre 2022 /Lot 7 COMMODE DITE "EN SARCOPHAGE" D'ÉPOQUE RÉGENCE

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COMMODE DITE "EN SARCOPHAGE" D'ÉPOQUE RÉGENCE
En placage de bois de violette et satiné, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre rouge griotte restauré, la façade ouvrant par cinq tiroirs sur trois rangs, les montants cambrés agrémentés de chutes à décor de rinceaux fleuris au naturel, les pieds en griffes feuillagées, monogrammée deux fois P.M sous la traverse arrière
H. : 90.5 cm (35 1/2 in.)
l. : 144,5 cm (56 3/4 in.)
P. : 63,5 cm (25 in.)

A Regence gilt-bronze mounted, kingwood and satinwood commode

Cette pièce appartient à un groupe de commodes en tombeau du modèle dit à pont, autant anonymes, qu'estampillées par Louis Delaître, par Painsun (1) ou bien estampillées du fer PM. Hormis notre meuble, on connaît un deuxième, d'aspect quasiment similaire (fig. 1), portant le fer PM (2), provenant de l'ancienne collection de l'antiquaire Jules Couderc (3), et un troisième (fig. 2), lequel, malgré l'absence de cette estampille, peut être rattaché aux commodes réalisées par cet ébéniste anonyme (4).

Hormis le monogramme PM, la commode de l'ancienne collection Jules Couderc présentait également une étiquette de " Bertin, marchant et mercier, à la Toison d'Or, rue du Roulle ", portant l'année 1722, ce qui permet de dater l'ensemble de ces meubles.
On remarquera que les bronzes des trois commodes sont inspirés d'André-Charles Boulle, qu'il s'agisse des masques de Flore employés pour les entrées de serrure, des pieds en forme de griffes de lion, ou bien, sur l'ancienne commode Couderc, des chutes à têtes de mascarons féminins coiffées de palmettes. De plus, les trois meubles sont réalisés en placage de bois de violette à chevrons et sont coiffés de dalles en marbre rouge griotte.

Le fer PM demeure pour le moment assez mystérieux : on pourrait penser au moins à trois ébénistes dont les initiales correspondent à ces deux lettres. Le premier, Pierre Moulin, qualifié d'ébéniste à Paris, demeurait Grande-rue-du-Faubourg-Saint-Antoine, en 1710, lorsqu'il épousa, le 6 novembre, Jeanne Mainguet (5). Il était le fils de feu Pierre Moulin, peintre et vernisseur, et de Geneviève Alexandre, ayant épousé en secondes noces François Painsun, lui aussi ébéniste, et qui l'avait mis en apprentissage le 28 juillet 1700, avec Bernard Van Risen Burgh (6), autre grand ébéniste du faubourg Saint-Antoine. Le second pourrait correspondre à Pierre III Migeon (1665-vers 1717/1719) ; enfin, le troisième pourrait être son fils, Pierre IV Migeon (1696-1758), qui avait acquis sa maîtrise vers 1721 et devint par la suite l'un des plus importants marchands-ébénistes du faubourg Saint-Antoine (7). Il faut remarquer cependant, qu'on ne connaît que l'estampille en toutes lettres de deux Migeon.

Encore peu connu demeure également le marchand Bertin dont l'étiquette figurait sur la commode de l'ancienne collection Couderc. Il s'agit de Léger Bertin, qui tenait commerce à l'enseigne de la Toison d'or, d'abord rue du Roule, en 1722, puis rue Saint-Honoré, en 1731, comme en témoigne une autre étiquette datée de cette année (fig. 3-4) apposée sur un secrétaire de pente par Jacques-Philippe Carel. Elle avait été découverte et publiée par Sylphide de Sonis (8) lors de son étude sur le secrétaire de pente de Carel, livré en 1733 par l'entremise d'Antoine-Robert Gaudreaus, pour servir dans le petit cabinet de retraite de la reine Marie Leczinska à Marly (9). Cette étiquette nous informe que le marchand proposait à sa clientèle des bureaux, des écritoires, des tables pour écrire et des tables en pupitre, mais aussi des commodes de toute façon, etc., dont les esquisses à l'encre offrent un aperçu suggestif. Bertin Léger vivait encore en octobre 1739 (10).

(1) Anc. Coll. Simone del'Duca, vente à Paris, Me Olivier Coutau-Bégarie, 19 novembre 2004, n°114.
(2) Vente, Versailles, Mes Chapelle-Perrin-Fromantin, 16 mai 1971, n°102.
(3) Vente, Paris, Mes Lair-Dubreuil et Henri Baudoin, 6-7 avril 1914, n°130.
(4) Christie's, Londres, 19 mars 1970, n°96.
(5) Arch. nat., Min. cent., CV, 1148.
(6) Arch. nat., Min. cent.,
XXVIII, 52.
(7) Sophie Mouquin, Pierre IV Migeon, Paris, Perrin & Fils,
Les Editions de L'Amateur, 2001, p.12-21.
(8) Paris, musée du Louvre,
inv. OA 12013.
(9) Sylphide de Saunis, " La précocité des secrétaires en pente dans le mobilier français du XVIIIe siècle ", Objets d'art - Mélanges en l'honneur de Daniel Alcouffe, Dijon, Faton, 2004, p.216.
(10) Arch. nat., O1 83, f°506 bis.




Estimation 25 000 - 30 000 €

Vendu 17 056 €
* Les résultats sont affichés frais acheteur et taxes compris. Ils sont générés automatiquement et peuvent subir des modifications.

Lot 7

COMMODE DITE "EN SARCOPHAGE" D'ÉPOQUE RÉGENCE

Vendu 17 056 € [$]

COMMODE DITE "EN SARCOPHAGE" D'ÉPOQUE RÉGENCE
En placage de bois de violette et satiné, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre rouge griotte restauré, la façade ouvrant par cinq tiroirs sur trois rangs, les montants cambrés agrémentés de chutes à décor de rinceaux fleuris au naturel, les pieds en griffes feuillagées, monogrammée deux fois P.M sous la traverse arrière
H. : 90.5 cm (35 1/2 in.)
l. : 144,5 cm (56 3/4 in.)
P. : 63,5 cm (25 in.)

A Regence gilt-bronze mounted, kingwood and satinwood commode

Cette pièce appartient à un groupe de commodes en tombeau du modèle dit à pont, autant anonymes, qu'estampillées par Louis Delaître, par Painsun (1) ou bien estampillées du fer PM. Hormis notre meuble, on connaît un deuxième, d'aspect quasiment similaire (fig. 1), portant le fer PM (2), provenant de l'ancienne collection de l'antiquaire Jules Couderc (3), et un troisième (fig. 2), lequel, malgré l'absence de cette estampille, peut être rattaché aux commodes réalisées par cet ébéniste anonyme (4).

Hormis le monogramme PM, la commode de l'ancienne collection Jules Couderc présentait également une étiquette de " Bertin, marchant et mercier, à la Toison d'Or, rue du Roulle ", portant l'année 1722, ce qui permet de dater l'ensemble de ces meubles.
On remarquera que les bronzes des trois commodes sont inspirés d'André-Charles Boulle, qu'il s'agisse des masques de Flore employés pour les entrées de serrure, des pieds en forme de griffes de lion, ou bien, sur l'ancienne commode Couderc, des chutes à têtes de mascarons féminins coiffées de palmettes. De plus, les trois meubles sont réalisés en placage de bois de violette à chevrons et sont coiffés de dalles en marbre rouge griotte.

Le fer PM demeure pour le moment assez mystérieux : on pourrait penser au moins à trois ébénistes dont les initiales correspondent à ces deux lettres. Le premier, Pierre Moulin, qualifié d'ébéniste à Paris, demeurait Grande-rue-du-Faubourg-Saint-Antoine, en 1710, lorsqu'il épousa, le 6 novembre, Jeanne Mainguet (5). Il était le fils de feu Pierre Moulin, peintre et vernisseur, et de Geneviève Alexandre, ayant épousé en secondes noces François Painsun, lui aussi ébéniste, et qui l'avait mis en apprentissage le 28 juillet 1700, avec Bernard Van Risen Burgh (6), autre grand ébéniste du faubourg Saint-Antoine. Le second pourrait correspondre à Pierre III Migeon (1665-vers 1717/1719) ; enfin, le troisième pourrait être son fils, Pierre IV Migeon (1696-1758), qui avait acquis sa maîtrise vers 1721 et devint par la suite l'un des plus importants marchands-ébénistes du faubourg Saint-Antoine (7). Il faut remarquer cependant, qu'on ne connaît que l'estampille en toutes lettres de deux Migeon.

Encore peu connu demeure également le marchand Bertin dont l'étiquette figurait sur la commode de l'ancienne collection Couderc. Il s'agit de Léger Bertin, qui tenait commerce à l'enseigne de la Toison d'or, d'abord rue du Roule, en 1722, puis rue Saint-Honoré, en 1731, comme en témoigne une autre étiquette datée de cette année (fig. 3-4) apposée sur un secrétaire de pente par Jacques-Philippe Carel. Elle avait été découverte et publiée par Sylphide de Sonis (8) lors de son étude sur le secrétaire de pente de Carel, livré en 1733 par l'entremise d'Antoine-Robert Gaudreaus, pour servir dans le petit cabinet de retraite de la reine Marie Leczinska à Marly (9). Cette étiquette nous informe que le marchand proposait à sa clientèle des bureaux, des écritoires, des tables pour écrire et des tables en pupitre, mais aussi des commodes de toute façon, etc., dont les esquisses à l'encre offrent un aperçu suggestif. Bertin Léger vivait encore en octobre 1739 (10).

(1) Anc. Coll. Simone del'Duca, vente à Paris, Me Olivier Coutau-Bégarie, 19 novembre 2004, n°114.
(2) Vente, Versailles, Mes Chapelle-Perrin-Fromantin, 16 mai 1971, n°102.
(3) Vente, Paris, Mes Lair-Dubreuil et Henri Baudoin, 6-7 avril 1914, n°130.
(4) Christie's, Londres, 19 mars 1970, n°96.
(5) Arch. nat., Min. cent., CV, 1148.
(6) Arch. nat., Min. cent.,
XXVIII, 52.
(7) Sophie Mouquin, Pierre IV Migeon, Paris, Perrin & Fils,
Les Editions de L'Amateur, 2001, p.12-21.
(8) Paris, musée du Louvre,
inv. OA 12013.
(9) Sylphide de Saunis, " La précocité des secrétaires en pente dans le mobilier français du XVIIIe siècle ", Objets d'art - Mélanges en l'honneur de Daniel Alcouffe, Dijon, Faton, 2004, p.216.
(10) Arch. nat., O1 83, f°506 bis.




Estimation 25 000 - 30 000 €

Vendu 17 056 €
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Détails de la vente

Vente : 4303
Date : 25 nov. 2022 14:00
Commissaire-priseur : Stéphane Aubert

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Un appartement sur la Seine, La collection d'un amateur parisien