GARNITURE DE TROIS VASES MONTÉS D'ÉPOQUE TRANSITION
Vendu 65 600
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GARNITURE DE TROIS VASES MONTÉS D'ÉPOQUE TRANSITION
La porcelaine de Chine bleu poudré du XVIIIe siècle, monture de bronze ciselé et doré, comprenant trois vases couverts, surmontés d'une graine, les anses à tête de bélier retenant des guirlandes de laurier, le piétement à canaux ; restaurations aux couvercles en porcelaine
H. : 31 cm (12 1/4 in.)
l. : 19 cm (7 1/2 in.)
Dimensions (la paire) :
H. : 25 cm (9 3/4 in.)
l. : 17 cm (6 1/2 in.)
Provenance :
Vente Christie's Londres, le 27 juin 1974, lots 13-14.
Marché parisien.
Collection privée française, puis par descendance jusqu'à l'actuel propriétaire.
An ormolu-mounted and porcelain three-piece garniture, the mounts Transitional, the powder blue porcelain, China, 18th century
Cette garniture se rattache au courant néoclassique et plus particulièrement au goût à la grecque, qui s'imposa dès les années 1760 sous l'impulsion d'un cercle de personnages influents tels que Lalive de Jully, ou le marquis de Marigny et sa sœur Madame de Pompadour.
En réaction aux excès du style rococo, ce nouveau classicisme séduisit par ses références à l'antique et sa mesure.
Son vocabulaire diffusé par les architectes, sculpteurs, ornemanistes tels que Louis Joseph Le Lorrain (1715-1759), Jean-François de Neufforge (1714-1791) ou Jean-Charles Delafosse (1734-1789) envahit les arts décoratifs et notamment les bronzes d'ameublement qui se doivent de suivre la nouvelle esthétique du décor intérieur.
Les têtes de bélier appartiennent à ce vocabulaire et se prêtent parfaitement à l'ornementation des meubles et des objets d'art. Dès 1756-1757 des têtes de bélier apparaissent sur le support d'une bouilloire en argent réalisée par l'orfèvre François Thomas Germain pour la cour du Portugal. Des peintres emblématiques du retour au classicisme les font figurer fréquemment dans leurs compositions. Une table à décor de têtes de bélier et guirlandes apparaît sur un portrait de Mme de Pompadour peint en 1763 par le peintre François Hubert Drouais (1727-1775), conservé à la National Gallery de Londres, tandis qu'en 1762 Joseph-Marie Vien (1716-1809) représente une athénienne à têtes de bélier dans "l'Athénienne vertueuse" du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg, et un brûle parfums aux mêmes motifs dans "La Marchande à la toilette" du château de Fontainebleau. Le sculpteur et bronzier Jean-Louis Prieur (1732-1795) fait apparaître en 1765-66 des têtes de bélier sur ses dessins destinés à la cour de Pologne.
Alors que les vases ornés de mufles de lion sont plus fréquents, nous pouvons citer deux exemples de garniture de vases de porcelaine ornées de têtes de bélier comparables :
- Une paire de vases offerts par Auguste Dufaÿ au Musée du Louvre, illustrés dans D. Alcouffe, et al., "Les bronzes d'ameublement du Louvre", Paris, 2004, n° 74, page 151
- Une garniture vendue par Christie's Londres, collection Champalimaud, les 6-7 juillet 2005, lot 149.
La présente garniture a conservé ses couvercles de porcelaine à la différence des exemples cités qui tous sont munis de couvercles de bronze doré.
Plusieurs marchands merciers furent à l'origine de la mode des objets montés de bronzes et notamment des garnitures. Parmi eux, Jean Dulac (1704-1786), célèbre marchand mercier établi à l'enseigne "Au Berceau d'or", rue Saint-Honoré depuis 1740 fut à l'origine d'un modèle dont plusieurs exemplaires sont connus aujourd'hui.
Sur l'un d'entre eux, conservé au Palais des Lazienski, à Varsovie, on peut lire : "Dulac, Md rue St Honoré A Paris invenit", reproduit dans P.Verlet, "Les bronzes dorés français du 18e siècle", Picard, Paris, 1987, pp.72-73.
Ce vase de forme néoclassique, orné de têtes de lions et de leurs dépouilles, monté sur une base carrée avec une girandole remontant de l'intérieur est le seul objet de marchand-mercier que nous connaissions portant la mention "inventé". Sur un autre, plus proche des vases de la présente garniture, conservé à Wadworth Atheneum, est marqué "Dulac Md Rue St Honoré inveniste".
Il s'apparente à un dessin conservé dans un recueil provenant du duc Albert Casimir de Saxe-Teschen (1738-1822), conservé au Metropolitan Museum de New York, représentant ce modèle.
À partir de 1764, la Manufacture de Sèvres réalisa des vases destinés à être montés de bronze à l'imitation de la porcelaine de Chine et Dulac en commanda de nombreux exemplaires, de couleur bleue et verte. Son magasin était l'un des plus à la mode à Paris où se rendait une illustre clientèle. Horace Walpole (1717-1797), écrivain et figure même de l'esthète britannique parle, lors de son voyage à Paris en 1765, d'un endroit "extravagant et cher".
Estimation 30 000 - 50 000 €
Vendu 65 600 €
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