Vente Maîtres anciens & du XIX siècle - 20 mars 2024 /Lot 113 Nicolas de LARGILLIERRE Paris, 1656 - 1746 Portraits de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard (1685 - 1780) et Marie Antoinette Hereford (1690 - 1768)

  • Nicolas de LARGILLIERRE Paris, 1656 - 1746 Portraits de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard (1685 - 1780) et Marie Antoinette Her...
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Nicolas de LARGILLIERRE Paris, 1656 - 1746
Portraits de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard (1685 - 1780) et Marie Antoinette Hereford (1690 - 1768)
Paire de toiles
(Restaurations anciennes)

Portraits of Guillaume Pierre Legrand de Beauregard and Marie Antoinette Hereford, canvases, by N. de Largillierre
Hauteur : 137,50 Largeur : 105,50 cm

Provenance : Restés dans la descendance des modèles depuis l'origine ;
Collection particulière, Auvergne

Commentaire : Conservée dans la famille des modèles depuis leur création, cette somptueuse paire inédite constitue une redécouverte importante pour l'histoire du portrait et des arts pendant la Régence du duc Philippe d'Orléans. L'exposition sur cette période qui s'est tenue au musée Carnavalet du 20 octobre 2023 au 25 février 2024 a rappelé comment cette époque de transition, si dynamique du point de vue économique, artistique et des idées, a inventé un nouveau mode de vie et développé un raffinement dont témoignent ici les riches vêtements des deux modèles. Elle dicte le "goût à la française " à l'Europe entière.
Nicolas de Largillierre a métamorphosé l'art du portrait en France, passant des effigies conventionnelles et hiératiques de la génération précédente de Pierre Mignard, Pierre Gobert et Claude Lefèbvre à des représentations empreintes de mouvement et de couleurs vives. Sa formation à Anvers et ses séjours en Angleterre (1665, 1675 à 1679) l'ont mis au contact des portraits aristocratiques d'Antoon Van Dyck et ses élèves comme Peter Lely. Peintre de la bourgeoisie et de l'aristocratie parisienne, il a su inventer des compositions inédites qui expriment la personnalité et la place sociale de ses modèles. Sa carrière s'étend du règne de Louis XIV jusqu'à l'avènement de la Rocaille durant la Régence puis sous Louis XV. Il a aussi excellé dans d'autres genres, comme la nature morte et la peinture d'histoire. Il connut la fortune et la renommée de son vivant et son influence fut considérable, à travers de nombreux élèves, parmi lesquels se trouve Hyacinthe Rigaud.
Notre paire date des années 1710-1720. L'artiste est alors au sommet de sa carrière, il est le portraitiste le plus demandé de Paris, et ces deux toiles témoignent magnifiquement de sa virtuosité et de sa maestria. Les deux époux, vus à mi-corps, posent dans un jardin. La jeune femme est habillée en déesse Flore, tenant une couronne de fleurs d'oranger de la main droite, symbole de pureté et de mariage, et une guirlande de l'autre. Sa coiffure basse est aussi ornée d'un rameau fleuri. Elle est vêtue d'une robe de fantaisie de soie ivoire ornementée de broderies au fil d'or. La jupe, portée avec de grands paniers, est fendue pour laisser voir le jupon. Un peu partout, des escarboucles empierrées sont placées de manière à retenir certaines parties du costume. Le corset sans bretelles, très bas et à pointe, possède des décors à la Bérain, brodés eux-aussi au fil d'or. Il laisse apparaître la chemise dont l'encolure est à bavolet et aux manches larges, retenues au bras par un lacet doré. Un tissu?rose retenu sur le haut de la hanche par une autre escarboucle est déployé à l'arrière, comme d'usage dans ce genre de grand portrait d'apparat. Largillierre a repris cette composition, presque à l'identique, dans le portrait de Madame de Megien (ancienne collection Edouard Kann, fig. 1). Son mari porte une grande perruque. On notera la douceur de l 'accord coloré entre son manteau doré, au revers aux tons roses et bleus pâle et la cape ivoire jetée par-dessus, ainsi que l'exécution magistrale du rendu des broderies par le pinceau de Largillierre.

Dominique Brême a permis l'identification des modèles qu'il a bien voulu nous communiquer : "Le mariage de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard, né le 20 juin 1685, maître des Eaux-et-Forêts à Crécy-en-Brie, commissaire des gendarmes de la garde du roi (en 1728), chevalier de Saint-Louis (1746), mort le 11 mai 1780, avec Marie Antoinette Hereford, née le 4 avril 1690 et morte le 1er mars 1768, fut célébré à Dunkerque le 9 février 1713, soit exactement dans le créneau de datation supposée des deux tableaux. Ainsi, ces deux portraits ne représenteraient pas, comme l'indiquait la tradition familiale, Philippe Denis de Senneville et de sa femme Marie Anne Legrand de Beauregard, mais les parents de celle-ci, Guillaume Pierre Legrand de Beauregard et Marie Antoinette Hereford. Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse. Philippe Denis de Senneville, en tant que "commissaire des Guerres ayant la conduite et police du régiment des Gardes-Françaises" avait des échanges professionnels avec Guillaume Pierre Legrand de Beauregard, lui-même "commissaire des gendarmes de la garde du roi". Legrand avait tout à fait les moyens de se faire représenter avec sa femme par Largillierre. Samuel Gibiat, dans son ouvrage 'Hiérarchies sociales & ennoblissement. Les commissaires des guerres de la Maison du roi au XVIIIe siècle' (Paris, Ecole des Chartes, 2006), écrit : "Même au sein de la famille la plus aisée, ce phénomène tendait à se faire sentir. En 1728, la succession du secrétaire du roi Guillaume Legrand représentait un actif de 590 166 livres. Son fils, Guillaume-Pierre, futur commissaire de la gendarmerie de la garde, avait déjà reçu lors de son mariage en 1713, la somme de 80?000 livres en deniers comptants, soit 354 071 livres de cette seule succession. Outre une dot de composition identique, son épouse avait hérité 13 594 livres de ses parents, en 1745, et a somme de 52 352 livres de sa sœur, en juillet 1765. Au terme de 55 ans de vie commune, l'actif de Legrand de Beauregard s'était accru de 702 000 livres, dont près de la moitié par héritage. Pierre Denis de Senneville, commissaire général des Gardes françaises, avait hérité de son père, Jacques Denis, trésorier des bâtiments du roi, la somme de 233 000 livres, en 1730. Lors de son mariage avec Marie-Anne Legrand de Beauregard, en juillet 1741, le jeune couple disposait d'un capital net proche de 300 000 livres. [l'analyse de la fortune Denis de Senneville continue ensuite] ". (Gibiat, 2006, p. 350-351 ; autres renseignements sur l'importante bibliothèque de Guillaume Legrand de Beauregard, p. 454 ; autres sur son patrimoine en Brie, p. 315). La jeune épouse était la fille de Roger Hereford, né à Suston au Royaume Uni en 1650, qui se marie à Calais en 1689, avec Antoinette Mollien, née en 1665 à Calais. Leur fille naît un an plus tard à Dunkerque, ce qui laisse présager que son père Roger Hereford était un jacobite qui a dû quitter précipitamment l'Angleterre au moment de la Glorieuse Révolution de 1688, laquelle oblige le roi d'Angleterre catholique Jacques II à s'exiler en France à la Cour de Saint-Germain-en-Laye.

Nous remercions Monsieur Dominique Brême de nous avoir aimablement confirmé l'attribution de cette œuvre par un examen de visu le 15 février 2024 et pour l'identification des sujets. Il les inclura dans le catalogue raisonné de l'œuvre de Largillierre à paraître.

Estimation 150 000 - 250 000 €

Lot 113

Nicolas de LARGILLIERRE Paris, 1656 - 1746
Portraits de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard (1685 - 1780) et Marie Antoinette Hereford (1690 - 1768)

Estimation 150 000 - 250 000 € [$]

Nicolas de LARGILLIERRE Paris, 1656 - 1746
Portraits de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard (1685 - 1780) et Marie Antoinette Hereford (1690 - 1768)
Paire de toiles
(Restaurations anciennes)

Portraits of Guillaume Pierre Legrand de Beauregard and Marie Antoinette Hereford, canvases, by N. de Largillierre
Hauteur : 137,50 Largeur : 105,50 cm

Provenance : Restés dans la descendance des modèles depuis l'origine ;
Collection particulière, Auvergne

Commentaire : Conservée dans la famille des modèles depuis leur création, cette somptueuse paire inédite constitue une redécouverte importante pour l'histoire du portrait et des arts pendant la Régence du duc Philippe d'Orléans. L'exposition sur cette période qui s'est tenue au musée Carnavalet du 20 octobre 2023 au 25 février 2024 a rappelé comment cette époque de transition, si dynamique du point de vue économique, artistique et des idées, a inventé un nouveau mode de vie et développé un raffinement dont témoignent ici les riches vêtements des deux modèles. Elle dicte le "goût à la française " à l'Europe entière.
Nicolas de Largillierre a métamorphosé l'art du portrait en France, passant des effigies conventionnelles et hiératiques de la génération précédente de Pierre Mignard, Pierre Gobert et Claude Lefèbvre à des représentations empreintes de mouvement et de couleurs vives. Sa formation à Anvers et ses séjours en Angleterre (1665, 1675 à 1679) l'ont mis au contact des portraits aristocratiques d'Antoon Van Dyck et ses élèves comme Peter Lely. Peintre de la bourgeoisie et de l'aristocratie parisienne, il a su inventer des compositions inédites qui expriment la personnalité et la place sociale de ses modèles. Sa carrière s'étend du règne de Louis XIV jusqu'à l'avènement de la Rocaille durant la Régence puis sous Louis XV. Il a aussi excellé dans d'autres genres, comme la nature morte et la peinture d'histoire. Il connut la fortune et la renommée de son vivant et son influence fut considérable, à travers de nombreux élèves, parmi lesquels se trouve Hyacinthe Rigaud.
Notre paire date des années 1710-1720. L'artiste est alors au sommet de sa carrière, il est le portraitiste le plus demandé de Paris, et ces deux toiles témoignent magnifiquement de sa virtuosité et de sa maestria. Les deux époux, vus à mi-corps, posent dans un jardin. La jeune femme est habillée en déesse Flore, tenant une couronne de fleurs d'oranger de la main droite, symbole de pureté et de mariage, et une guirlande de l'autre. Sa coiffure basse est aussi ornée d'un rameau fleuri. Elle est vêtue d'une robe de fantaisie de soie ivoire ornementée de broderies au fil d'or. La jupe, portée avec de grands paniers, est fendue pour laisser voir le jupon. Un peu partout, des escarboucles empierrées sont placées de manière à retenir certaines parties du costume. Le corset sans bretelles, très bas et à pointe, possède des décors à la Bérain, brodés eux-aussi au fil d'or. Il laisse apparaître la chemise dont l'encolure est à bavolet et aux manches larges, retenues au bras par un lacet doré. Un tissu?rose retenu sur le haut de la hanche par une autre escarboucle est déployé à l'arrière, comme d'usage dans ce genre de grand portrait d'apparat. Largillierre a repris cette composition, presque à l'identique, dans le portrait de Madame de Megien (ancienne collection Edouard Kann, fig. 1). Son mari porte une grande perruque. On notera la douceur de l 'accord coloré entre son manteau doré, au revers aux tons roses et bleus pâle et la cape ivoire jetée par-dessus, ainsi que l'exécution magistrale du rendu des broderies par le pinceau de Largillierre.

Dominique Brême a permis l'identification des modèles qu'il a bien voulu nous communiquer : "Le mariage de Guillaume Pierre Legrand de Beauregard, né le 20 juin 1685, maître des Eaux-et-Forêts à Crécy-en-Brie, commissaire des gendarmes de la garde du roi (en 1728), chevalier de Saint-Louis (1746), mort le 11 mai 1780, avec Marie Antoinette Hereford, née le 4 avril 1690 et morte le 1er mars 1768, fut célébré à Dunkerque le 9 février 1713, soit exactement dans le créneau de datation supposée des deux tableaux. Ainsi, ces deux portraits ne représenteraient pas, comme l'indiquait la tradition familiale, Philippe Denis de Senneville et de sa femme Marie Anne Legrand de Beauregard, mais les parents de celle-ci, Guillaume Pierre Legrand de Beauregard et Marie Antoinette Hereford. Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse. Philippe Denis de Senneville, en tant que "commissaire des Guerres ayant la conduite et police du régiment des Gardes-Françaises" avait des échanges professionnels avec Guillaume Pierre Legrand de Beauregard, lui-même "commissaire des gendarmes de la garde du roi". Legrand avait tout à fait les moyens de se faire représenter avec sa femme par Largillierre. Samuel Gibiat, dans son ouvrage 'Hiérarchies sociales & ennoblissement. Les commissaires des guerres de la Maison du roi au XVIIIe siècle' (Paris, Ecole des Chartes, 2006), écrit : "Même au sein de la famille la plus aisée, ce phénomène tendait à se faire sentir. En 1728, la succession du secrétaire du roi Guillaume Legrand représentait un actif de 590 166 livres. Son fils, Guillaume-Pierre, futur commissaire de la gendarmerie de la garde, avait déjà reçu lors de son mariage en 1713, la somme de 80?000 livres en deniers comptants, soit 354 071 livres de cette seule succession. Outre une dot de composition identique, son épouse avait hérité 13 594 livres de ses parents, en 1745, et a somme de 52 352 livres de sa sœur, en juillet 1765. Au terme de 55 ans de vie commune, l'actif de Legrand de Beauregard s'était accru de 702 000 livres, dont près de la moitié par héritage. Pierre Denis de Senneville, commissaire général des Gardes françaises, avait hérité de son père, Jacques Denis, trésorier des bâtiments du roi, la somme de 233 000 livres, en 1730. Lors de son mariage avec Marie-Anne Legrand de Beauregard, en juillet 1741, le jeune couple disposait d'un capital net proche de 300 000 livres. [l'analyse de la fortune Denis de Senneville continue ensuite] ". (Gibiat, 2006, p. 350-351 ; autres renseignements sur l'importante bibliothèque de Guillaume Legrand de Beauregard, p. 454 ; autres sur son patrimoine en Brie, p. 315). La jeune épouse était la fille de Roger Hereford, né à Suston au Royaume Uni en 1650, qui se marie à Calais en 1689, avec Antoinette Mollien, née en 1665 à Calais. Leur fille naît un an plus tard à Dunkerque, ce qui laisse présager que son père Roger Hereford était un jacobite qui a dû quitter précipitamment l'Angleterre au moment de la Glorieuse Révolution de 1688, laquelle oblige le roi d'Angleterre catholique Jacques II à s'exiler en France à la Cour de Saint-Germain-en-Laye.

Nous remercions Monsieur Dominique Brême de nous avoir aimablement confirmé l'attribution de cette œuvre par un examen de visu le 15 février 2024 et pour l'identification des sujets. Il les inclura dans le catalogue raisonné de l'œuvre de Largillierre à paraître.

Estimation 150 000 - 250 000 €

Détails de la vente

Vente : 4415
Date : 20 mars 2024 17:00
Commissaire-priseur : Matthieu Fournier

Contact

Matthieu Fournier
Tél. +33 1 42 99 20 26
mfournier@artcurial.com

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Kristina Vrzests
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Conditions Générales d’Achat

Maîtres anciens & du XIXe siècle