SUITE DE SIX FAUTEUILS À LA REINE D'ÉPOQUE LOUIS XV Estampille de Jean-Baptiste I Tilliard
Vendu 219 800
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SUITE DE SIX FAUTEUILS À LA REINE D'ÉPOQUE LOUIS XV Estampille de Jean-Baptiste I Tilliard
En bois sculpté et redoré, le dossier et les épaulements à décor de coquille, les accotoirs en coup de fouet, la ceinture mouvementée ornée au centre d'un cabochon, les pieds cambrés surmontés d'un éventail et terminés en enroulement, garniture de velours gaufré cramoisi à décor floral, estampillés TILLIARD sous la traverse arrière
H. : 97,5 cm (38 1/4 in.)
l. : 69 cm (27 in.)
Jean Baptiste I Tilliard, reçu maître en 1717
Provenance :
Probablement acquise auprès de Mr Vail dans les années 1850 selon le catalogue annoté de Mr Moreau-Nélaton (1859-1927) conservé à la BNF.
Ancienne collection Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870) de Goncourt, situés dans le grand salon de l'Hôtel particulier du 53 Boulevard de Montmorency, Paris.
Vente à Paris, les 22-24 février 1897, lot 296 (comprenant une suite de huit fauteuils et un canapé, adjugée 63.000 FF).
Probablement acquise soit par le marchand Guirand soit par le marchand Lowengard.
Collection privée parisienne.
Bibliographie :
A. Barbier Sainte Marie, "La vente en 1897 des collections Goncourt, Cahiers Edmond et Jules de Goncourt", 1997, pp.62-63.
F. de Salverte, "Les ébénistes du XVIIIe siècle", F. de Nobele Éditeur, Paris, 1985, p.317.
A set of six Louis XV giltwood fauteuils a la reine, stamped by Jean-Baptiste I Tilliard
Ces remarquables fauteuils sont caractéristiques de la production de Jean-Baptiste I Tilliard (1686-1766), l'un des plus importants menuisiers parisiens actifs pendant la première moitié du XVIIIe siècle.
Sa production est très représentative du style Louis XV, et ses sièges, à l'instar de la présente suite, se caractérisent par la pureté et la finesse de lignes et la précision des motifs sculptés.
Sont présents ici des éléments appartenant au répertoire décoratif du style rocaille ; cependant les motifs sculptés sont positionnés de façon plus ordonnée et symétrique et annoncent d'une certaine manière le néo-classicisme des années 1765.
Le motif du cœur sculpté inscrit dans un cartouche qui orne la ceinture de nos fauteuils pourrait être la signature de Tilliard ; on le retrouve avec d'infimes variations sur un grand nombre de sièges exécutés par ce célèbre menuisier tels :
- une paire de fauteuils vendue chez Christie's Paris, le 19 décembre 2007, lot 531.
- une paire de fauteuils attribuée vendue chez Christie's Londres, le 24 octobre 2013, lot 700.
- une suite de quatre fauteuils à la reine provenant de la collection Elie et Inna Nahmias vendus chez Christie's Paris, le 6 novembre 2014, lot 227.
- une bergère d'époque Louis XV vendue chez Christie's Paris, le 25 avril 2018, lot 65.
- une paire de fauteuils à châssis vendue à Paris chez Maître Ader, le 2 avril 1974 et illustrée dans G.B. Pallot, "L'Art du Siege au XVIIIe siècle", A.C.R Gismondi Editeurs, 1987, p. 139.
Les pieds sont ornés en partie haute d'un décor d'éventail, autre motif cher à Tilliard et que l'on retrouve par exemple sur une paire de fauteuils
à la reine vendue chez Christie's Paris, le 6 novembre 2015, lot 845, sur une bergère provenant de l'ancienne collection Fradier et illustrée dans G.B. Pallot, "L'Art du Siege au XVIIIe siècle", A.C.R Gismondi Editeurs, 1987, p. 137 ou sur une bergère conservée au Musée des Arts Décoratifs et illustrée dans G. Janneau, Les Sièges, Paris, 1993, fig. 175.
JEAN-BAPTISTE I TILLIARD (1686-1766)
Jean Baptiste I Tilliard fut reçu maître menuisier en 1717. Installé rue de Clery, il détient un atelier très important nommé "Aux Armes de France". Il commercialisa une grande partie de sa production par l'intermédiaire du marchand-mercier Olivier. À partir de 1728 il obtient le titre de "maître menuisier du Garde Meuble du Roi" et commence à livrer régulièrement la couronne. Sa clientèle inclut la famille royale ainsi que plusieurs membres de la haute aristocratie tels : le prince de Soubise, le duc d'Aiguillon, la duchesse de Mazarin, la duchesse de Parme ou le comte d'Evreux.
Son fils Jean-Baptiste II rejoint son père à partir de 1752 et jusqu'à 1766, date à laquelle il reprend l'atelier, tout en gardant la même estampille. C'est pourquoi les sièges correspondant à cette époque sont difficiles à attribuer avec certitude à l'un ou à l'autre.
UNE PROVENANCE PRESTIGIEUSE
Ces sièges importants ont fait partie d'une des plus célèbres
collections du XIXe siècle, celle des frères Jules (1830-1870) et Edmond (1822-1896) de Goncourt dans leur hôtel particulier du 53 boulevard
de Montmo-rency (cfr. fig. 1).
Collectionneurs, écrivains, historiens d'art, les Frères Goncourt
ont marqué la deuxième partie du XIXe siècle par leur esprit critique ainsi que par leur goût singulier pour le XVIIIe siècle. Leurs écrits autant que leur collection ont profondément influencé le regard de leurs contemporains sur le Siècle des Lumières. Tombés en désuétude, les raffinements du XVIIIe siècle sont notamment redécouverts grâce aux travaux d'écritures des frères Goncourt. Leurs monographies d'artistes tels que : Watteau, Greuze, Fragonard et Chardin, ont réhabilité tout un pan de la peinture du XVIIIe siècle absente des musées français.
Habités dès leurs plus jeunes âges par un désir de posséder
des témoins du siècle passé, les frères Goncourt sont à partir des années 1860 reconnus en tant que spécialistes d'art ancien. Ils jouent un rôle primordial dans la redécouverte des arts décoratifs du XVIIIe siècle et publient l'ouvrage : "L'art du XVIIIe" (1882) qui achève d'entériner leur renommée en la matière. Leur "œil" conjugué à leur érudition minutieuse et leur travail documentaire a nourri l'exigence de leurs choix.
Ils constituent dans leur appartement parisien une vaste collection de mobilier et d'objets d'art décoratifs XVIIIe, créant un cadre propice pour leur collection de dessins et d'estampes.
La collection des frères Goncourt n'a pas seulement influencé les amateurs d'art mais a aussi diffusée plus largement dans la société, un nouveau goût pour le XVIIIe siècle. On leur attribue notamment le développement du culte du bibelot et l'essor de la décoration intérieure. À la mort d'Edmond survenue en 1896, son testament comportait deux clauses notables : la création de l'Académie Goncourt et la dispersion sous forme de vente aux enchères de leur importante collection d'art. Les fonds tirés de la vente constituèrent la première trésorerie de la jeune Académie Goncourt.
La dispersion de la collection commença le 15 février 1897 pour se conclure le 19 juin. La vacation dédiée à l'ameublement et aux objets d'art du XVIIIe siècle qui se tint du 22 au 24 février, comprenait 331 lots ; parmi ceux-ci, seulement six lots sont illustrés au catalogue dont notre ensemble de fauteuils (cfr fig. 2).
Présenté sous le numéro de lot 296 l'ensemble, entièrement garni de tapisserie de Beauvais représentant des épisodes tires des Fables de la Fontaine, aujourd'hui disparue, comportait huit fauteuils à la reine et un canapé ; Mannheim, expert de la vente le décrit ainsi : "Meuble de salon en bois sculpté et doré du temps de Louis XV, signé Tilliard, couvert de tapisserie de Beauvais de la même époque et représentant des fables de La Fontaine d'après Oudry… Ce mobilier comprend un canapé et huit fauteuils".
On perd ensuite la trace de cet ensemble tout au long du XXe siècle. Deux fauteuils de cette suite réapparaissent dans les collections de l'antiquaire parisien Segoura vendue chez Christie's New York, le 19 octobre 2006, lot 171 sans que la provenance Goncourt soit mentionnée au catalogue.
Estimation 80 000 - 120 000 €
Vendu 219 800 €
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