Vente Mobilier et Objets d’Art - 16 mai 2017 /Lot 56 Astrolabe, XIVe siècle
UN ASTROLABE, XIVe SIÈCLE Signé 'Fait par Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani à Tudela année 737 Hijra [=1336/37 l'ère chrétienne]
En laiton doré à l'exception de l'intérieur de la mère et le revers de l'araignée, écrit entièrement en coufique occidental et numéroté en abjad (alpha-numéreaux), le limbe de l'instrument fondu en une seule pièce avec le trône (kursî) et soudé au dos pour former la mère, le trône, très bas, percé de deux trous au centre et à quatre lobes de chaque côté, la mère est sans inscription
Sur la face :
- un graphique de tous les horizons d'Ibn Baso, utilisé pour résoudre les questions du temps du levé et couché du soleil et des étoiles et la durée du jour
- l'araignée marque la position de trente étoiles (quinze à l'intérieur et quinze à l'extérieur de l'écliptique), par des indexes droites ou légèrement courbées ; quatre petites caboches (mudir) permettent de tourner l'araignée, l'index du signe du Capricorne (al-murî) est rectangulaire avec une ligne indicatrice centrale, chaque signe du zodiaque est divisé en 6° sur le rebord biseauté du cercle écliptique ; la barre droite est-ouest doublement rompue
Vingt-neuf étoiles sont nommées :
Cygni
Aquilae
Lyrae
Ophiuchi
Scorpionis
Serpentis
Coronae Borealis
Bootis
Ursae Maioris
Virginis
Corvi
Sagittarii
Leonis
Hydrae
Geminorum
Canis Minoris
Canis Maioris
Orionis
Orionis
Aurigae
Tauri
Persei
Ceti
Un tympan fixé sur la latitude de Qurtaba (38° 30') avec des lignes pour les prières de midi (al-zuhr) et de l'après-midi (al-'asr) et des lignes pour les heures inégales (1 à 12)
Le dos gravé des échelles suivantes :
- une échelle de degrés en quadrants de 90° divisés et numérotés par groupes de 6°, la lecture inversée de quadrant en quadrant
- un calendrier zodiacal julien excentrique (0° Aries = 15 mars)
- les seigneurs et les largeurs des termes représentant les planètes qui contrôlent une partie d'un signe du zodiaque et sa largeur
Au centre, un carré à ombres doubles
et la signature
Manquent l'alidade, l'étrier et l'anneau de suspension
D. : 9,3 cm (3 1/2 in.)
Bibliographie :
David A. King, The Quatrefoil as decoration on astrolabe retes', in In Synchrony with the Heavens : Studies in astronomical Timekeeping and Instrumentation in Medieval Islamic Civilisation, ii Instruments of mass Calculation, Leiden & Boston 2005,
part XVII.
David Pingree, Eastern Astrolabes (Historic Instruments in the Adler Planetarium & Astronomy Museum, vol II), Chicago 2009, N° 10, pp. 38-41.
A gilt-brass astrolabe, signed 'Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani in Tuleda year 737 Hijra', 14th century
Inconnu dans toute la littérature de l'astrolabe, l'instrument présenté ici est du plus grand intérêt artistique et historique : il s'agit du seul astrolabe actuellement connu fabriqué par un artiste musulman dans une ville chrétienne. Tudela (latitude 43° 3'), a fait partie de l'Andalousie musulmane de 802 à 1119 ; en 1119, la ville fut prise par le roi chrétien, Alfonso I d'Aragon. La ville est alors divisée en trois quartiers - chrétien, musulman et juif - chacun gardant ses propres systèmes juridiques et rituels. C'est ainsi qu'Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani put fabriquer des astrolabes arabes sous un régime chrétien.
Cet astrolabe est à la fois traditionnel et original : l'al-Andalus semble indiqué par la valeur du 15 mars (aberrant pour l'époque), pour marquer le début d'Aries, alors que les symboles utilisés pour les seigneurs des termes semblent dérivés de l'est de l'Islam, d'Iraq ou de la Syrie, comme c'est le cas sur un astrolabe de Badr ibn 'Abdallah de 525 de l'hégire (1130/31). Néanmoins, l'instrument est doté d'un tympan relativement récent, le 'tympan de tous les horizons' d'Abû 'Alî al-Husayn ibn Baso (m. 716/1316), et d'une araignée assez originale avec deux barres droites à la position normalement occupée par un arc de l'équateur. Il est également doté d'une décoration de cercles lobés, ouverts ou fermés, qui s'alignent avec un décor de trèfles et quartefeuilles utilisé sur plusieurs astrolabes des pays de l'est et l'ouest des terres d'Islam du Xe au XVIIe siècles, comme sur l'astrolabe de Badr déjà cité, ainsi que sur les astrolabes de l'Occident chrétien du Moyen Âge et même après.
Le motif de quartefeuille, qui trouve probablement son origine dans l'art byzantin, fut spécialement prisé durant l'ère hispano-mauresque. Notre astrolabe offre un témoignage important de l'engouement pour ce motif et son développement. Son araignée est décorée d'enlobements de trois et six demi-cercles sans parallèle sur les instruments d'Andalousie et du Maghreb. Ils peuvent, cependant, être confrontés au décor d'un astrolabe Catalan vers 1300 (IC N° 162) et d'autres astrolabes latins. Ainsi notre astrolabe semble se situer au carrefour de la transmission des éléments décoratifs entre l'Islam et l'Occident Chrétien.
D'Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani rien n'est connu.
Estimation 30 000 - 40 000 €
Lot 56
Astrolabe, XIVe siècle
Vendu 195 000 € [$]
UN ASTROLABE, XIVe SIÈCLE Signé 'Fait par Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani à Tudela année 737 Hijra [=1336/37 l'ère chrétienne]
En laiton doré à l'exception de l'intérieur de la mère et le revers de l'araignée, écrit entièrement en coufique occidental et numéroté en abjad (alpha-numéreaux), le limbe de l'instrument fondu en une seule pièce avec le trône (kursî) et soudé au dos pour former la mère, le trône, très bas, percé de deux trous au centre et à quatre lobes de chaque côté, la mère est sans inscription
Sur la face :
- un graphique de tous les horizons d'Ibn Baso, utilisé pour résoudre les questions du temps du levé et couché du soleil et des étoiles et la durée du jour
- l'araignée marque la position de trente étoiles (quinze à l'intérieur et quinze à l'extérieur de l'écliptique), par des indexes droites ou légèrement courbées ; quatre petites caboches (mudir) permettent de tourner l'araignée, l'index du signe du Capricorne (al-murî) est rectangulaire avec une ligne indicatrice centrale, chaque signe du zodiaque est divisé en 6° sur le rebord biseauté du cercle écliptique ; la barre droite est-ouest doublement rompue
Vingt-neuf étoiles sont nommées :
Cygni
Aquilae
Lyrae
Ophiuchi
Scorpionis
Serpentis
Coronae Borealis
Bootis
Ursae Maioris
Virginis
Corvi
Sagittarii
Leonis
Hydrae
Geminorum
Canis Minoris
Canis Maioris
Orionis
Orionis
Aurigae
Tauri
Persei
Ceti
Un tympan fixé sur la latitude de Qurtaba (38° 30') avec des lignes pour les prières de midi (al-zuhr) et de l'après-midi (al-'asr) et des lignes pour les heures inégales (1 à 12)
Le dos gravé des échelles suivantes :
- une échelle de degrés en quadrants de 90° divisés et numérotés par groupes de 6°, la lecture inversée de quadrant en quadrant
- un calendrier zodiacal julien excentrique (0° Aries = 15 mars)
- les seigneurs et les largeurs des termes représentant les planètes qui contrôlent une partie d'un signe du zodiaque et sa largeur
Au centre, un carré à ombres doubles
et la signature
Manquent l'alidade, l'étrier et l'anneau de suspension
D. : 9,3 cm (3 1/2 in.)
Bibliographie :
David A. King, The Quatrefoil as decoration on astrolabe retes', in In Synchrony with the Heavens : Studies in astronomical Timekeeping and Instrumentation in Medieval Islamic Civilisation, ii Instruments of mass Calculation, Leiden & Boston 2005,
part XVII.
David Pingree, Eastern Astrolabes (Historic Instruments in the Adler Planetarium & Astronomy Museum, vol II), Chicago 2009, N° 10, pp. 38-41.
A gilt-brass astrolabe, signed 'Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani in Tuleda year 737 Hijra', 14th century
Inconnu dans toute la littérature de l'astrolabe, l'instrument présenté ici est du plus grand intérêt artistique et historique : il s'agit du seul astrolabe actuellement connu fabriqué par un artiste musulman dans une ville chrétienne. Tudela (latitude 43° 3'), a fait partie de l'Andalousie musulmane de 802 à 1119 ; en 1119, la ville fut prise par le roi chrétien, Alfonso I d'Aragon. La ville est alors divisée en trois quartiers - chrétien, musulman et juif - chacun gardant ses propres systèmes juridiques et rituels. C'est ainsi qu'Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani put fabriquer des astrolabes arabes sous un régime chrétien.
Cet astrolabe est à la fois traditionnel et original : l'al-Andalus semble indiqué par la valeur du 15 mars (aberrant pour l'époque), pour marquer le début d'Aries, alors que les symboles utilisés pour les seigneurs des termes semblent dérivés de l'est de l'Islam, d'Iraq ou de la Syrie, comme c'est le cas sur un astrolabe de Badr ibn 'Abdallah de 525 de l'hégire (1130/31). Néanmoins, l'instrument est doté d'un tympan relativement récent, le 'tympan de tous les horizons' d'Abû 'Alî al-Husayn ibn Baso (m. 716/1316), et d'une araignée assez originale avec deux barres droites à la position normalement occupée par un arc de l'équateur. Il est également doté d'une décoration de cercles lobés, ouverts ou fermés, qui s'alignent avec un décor de trèfles et quartefeuilles utilisé sur plusieurs astrolabes des pays de l'est et l'ouest des terres d'Islam du Xe au XVIIe siècles, comme sur l'astrolabe de Badr déjà cité, ainsi que sur les astrolabes de l'Occident chrétien du Moyen Âge et même après.
Le motif de quartefeuille, qui trouve probablement son origine dans l'art byzantin, fut spécialement prisé durant l'ère hispano-mauresque. Notre astrolabe offre un témoignage important de l'engouement pour ce motif et son développement. Son araignée est décorée d'enlobements de trois et six demi-cercles sans parallèle sur les instruments d'Andalousie et du Maghreb. Ils peuvent, cependant, être confrontés au décor d'un astrolabe Catalan vers 1300 (IC N° 162) et d'autres astrolabes latins. Ainsi notre astrolabe semble se situer au carrefour de la transmission des éléments décoratifs entre l'Islam et l'Occident Chrétien.
D'Ahmad ibn Abû 'Abd Allâh al-Qurtûbî al-Yamani rien n'est connu.
Estimation 30 000 - 40 000 €
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